Le président Andry Rajoelina et le Premier ministre Christian Ntsay optent pour un quasi-statu quo dans la structure et la composition du gouvernement, pour assurer la continuité et éviter un chamboulement non-maîtrisé.
Une équipe presque inchangée. À une exception près, l’Exécutif choisit de reconduire tous les ministres pour le gouvernement Christian Ntsay III, mettant en avant la continuité dans la gestion des affaires nationales. Seule Félicité Rejo-Fienena, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation ne revient pas dans l’équipe. Elle est remplacée par le professeur Blanche Nirina Richard, qui était à la tête du Comité de suivi des résolutions des assises nationales pendant la transition.
Deux revenantes figurent dans la liste des 22 ministres et secrétaires d’État. Il s’agit de Lucien Irmah Naharimamy et de Marie-Thérèse Volahaingo, respectivement ministre de la Population, de la protection sociale et de la promotion de la femme et ministre de l’Éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Elles avaient quitté un peu plus tôt le gouvernement pour pouvoir se présenter aux législatives du 27 Mai. Mais cèdent ainsi au chant des sirènes gouvernementales après leur élection.
La reconduction en bloc de l’équipe gouvernementale peut être interprétée comme une volonté de stabilité et de continuité. Les six premiers mois de l’équipe de Christian Ntsay avaient été rythmés par les nominations des membres de staff au sein des départements ministériels. Les ministres ont dû s’adapter pour travailler alors qu’il fallait attendre le mois de mai pour que l’ordonnance relative à la loi de finances rectificatives soit adoptée.
Le choix du chef de l’État de renommer les membres du gouvernement devrait ainsi permettre à l’équipe de Christian Ntsay de poursuivre son travail. Un argument qui va dans le sens de l’intérêt des ministres et secrétaires d’État concernés par la résolution. Cela permet en même temps au pouvoir en place de disposer d’une équipe déjà fonctionnelle, et de mieux affronter les communales d’ici à la fin de l’année, voire éventuellement le référendum constitutionnel.
L’option présidentielle obéit également à la logique imprimée depuis le début du mandat du président de la République. Il avait établi un contrat d’un an avec les ministres et secrétaires d’État pour une évaluation finale lors de leur première nomination en janvier. « Nous avons établi un contrat-programme et il y aura une évaluation dans un délai de six mois. Nous revenons ici dans un an pour déterminer qui ont réussi à relever ou non les défis », avait lancé Andry Rajoelina lors de la présentation du gouvernement Christian Ntsay. « Nous avons un contrat d’un an avec la population », avait-il continué.
Contrat d’un an
Cette ligne de conduite avait été rappelée par Dina Andriamaholy, Secrétaire général adjoint à la Présidence. « Les défis et les objectifs avaient été fixés pour l’ancien gouvernement. Il y a eu des discussions sur trois jours, pour mesurer les performances et pour définir les projets selon le programme présidentiel. Il y aura six mois de nouveau pour examiner les réalisations conformément à ce qui a été convenu », remémore-t-il. Mais un signe se glisse comme un grain de sable dans la machine. La non-reconduction de Félicitée Rejo-Fienena, non expliquée à l’opinion publique, contraste avec la posture adoptée par l’Exécutif concernant le « contrat d’un an » basé sur la performance des ministres. Quel que soit le motif, le remplacement d’un membre du gouvernement en cours de route bat en brèche le choix présidentiel.
Le chef de l’État a toujours voulu afficher l’image de la célérité dans la conduite des affaires nationales, y compris dans la nomination des membres de l’Exécutif. Or, cette fois-ci, cela a pris quelques jours supplémentaires. Le temps pris par l’officialisation de la nomination des membres du gouvernement laisse supposer d’autres options sur la table que celle arrêtée à la fin de l’opération. La présence de listes de ministrables proposée par les députés, aussi bien issus du rang de « Isika Rehetra Miaraka amin’i Andry Rajoelina » (IRD), la plateforme présidentielle, que celui des « indépendants » pourrait expliquer ce délai. Si l’on pousse cette réflexion, tout cela aurait pu ouvrir la voie au chamboulement de l’architecture gouvernementale, tout comme les demandes et les pressions liées à la considération de l’équilibre régional.
Du coup, l’opération de charme des députés « indépendants » pour se rapprocher du pouvoir s’est limitée ainsi à une ouverture à l’Assemblée nationale, sans impacter la formation du gouvernement. En revanche, l’Exécutif, qui a comme cheval de bataille la politique d’austérité, semble préférer fermer les yeux sur la répartition des sièges pléthoriques à la Chambre basse, avec six vice-présidents, 31 présidents de commission et trois questeurs.
Source photo : Primature