L’armée malgache a perdu l’un de ses illustres serviteurs. Le général de corps d’armée Ismaël Mounibou a passé l’arme à gauche le 5 novembre 2018 à l’âge de 75 ans à Antsiranana.
La solennité des funérailles d’Ismaël Mounibou en dit long sur la réputation de l’officier général retraité, à Antsiranana le 9 novembre. L’ancien chef d’état-major général de l’armée malagasy (CEMGAM) a eu droit à une cérémonie solennelle au Cercle mess mixte d’Antsiranana avant son inhumation au cimetière de la ville.
Le général de division Lantoarinjaka Razafindrakoto, chef d’état-major général de l’armée malagasy (CEMGAM) a présidé la cérémonie. Plusieurs frères d’armes de cet enfant de troupe se sont déplacés pour lui rendre un dernier hommage. Le directeur de cabinet du Ministère de la Défense Nationale, représentant le ministre de la Défense nationale, des condisciples de la première promotion « Aina » de l’Académie militaire d’Antsirabe, ont été aperçus à la cérémonie. D’autres officiers généraux et officiers d’autres promotions de l’ACMIL, tout comme l’ancien Premier ministre, le général Camille Vital, dont il fût un temps un conseiller, ont également tenu à être présents au rendez-vous.
Des traits de caractères d’Ismaël Mounibou se lisent sur le visage de cet homme à la moustache poivrée. Quelques mots reviennent dans les rangs de l’armée pour qualifier l’homme aux cigarettes. Un « Raiamandreny » qui inspire le respect. Un responsable « sévère mais juste ». Quelqu’un qui a une « autorité naturelle de commandement », décrit le général de division Ralaialomady Rarasoa, qui l’avait côtoyé à l’état-major général de l’armée malagasy. « Il inspire le respect. Il gueule mais cela n’empêche pas les gens de l’approcher. Il a aussi ce côté éducateur de part sa parole et de ses actes », se souvient l’officier général. « Il a le goût du risque. Le choix de faire partie des parachutistes en est l’illustration », poursuit-il.
L’aura d’Ismaël Mounibou est resté intact, même lorsqu’il était à la retraite. « Des officiers généraux et officiers supérieurs lui rendaient visite lorsqu’ils passaient à Antsiranana, là où il résidait», confie un officier général de l’armée.
Durant ses 37 ans de carrière, Ismaël Mounibou, un homme de poigne, avait bien su gérer des situations délicates. Sa médiation entre les fédéralistes du Nord de l’île et les autorités au début du régime d’Albert Zafy en fait partie. Des militaires reconnaissent également le rôle crucial de l’officier général lors de crise post-électorale de 2001 lorsqu’il était CEMGAM. Une gestion qui avait permis d’éviter le pire pour le pays, selon certains officiers généraux.
Outre son passage à l’Académie militaire, Ismaël Mounibou avait suivi une formation à Paris, à l’École militaire de guerre et au Cours supérieur interarmées. Ce détenteur du titre Grand Croix de deuxième classe de l’Ordre national malgache était, entre autres, Commandant du 1er Régiment des forces d’intervention (1er RFI) avant d’occuper le poste du CEMGAM.
Photo : Ismaël Mounibou en marge de la cérémonie de remise des drapeaux des officiers généraux au palais d’Iavoloha en janvier 2015