À Paris, le Salon de l’agriculture s’autoproclame «la plus grande ferme du monde». On sait ce qu’il en est de ce genre d’affirmation : nous-mêmes avions proclamé le Zoma d’Analakely «le marché à ciel ouvert le plus grand du monde» jusqu’à ce que l’anarchie monumentale et tentaculaire n’arrive au seuil de chaque habitation.
Mais, l’essentiel est ailleurs. Les agriculteurs français profitent de la visibilité formidable qu’est Paris pour faire parler de leur profession : «L’agriculteur travaille douze heures par jour, et 365 jour par an, pour gagner moins qu’un ouvrier». Toutes proportions gardées, ce doit être la situation de tous les agriculteurs-éleveurs de tous les pays.
Nous ne savons rien de la réalité du paysan malgache. Quelle pénibilité pour quel profit ? Il doit bien y avoir une raison pour que l’exode rural soit à ce point important et que l’on rencontre de plus en plus de monde dans les villes. Les statistiques semblent se réjouir que le monde de demain soit aux trois quarts urbains, mais n’est-ce pas oublier si le quart paysan de l’Humanité pourrait produire suffisamment pour nourrir les trois-quarts de secondaire et tertiaire réunis ?
Les services, les finances, l’intellect, ça ne se mange pas. Et si ça peut éventuellement nourrir son homme, à quoi bon s’il n’y avait plus de riz, de légumes, de viande à acheter ?
Les citadins dénoncent l’afflux des paysans dans la Ville. Mais, pour les mauvaises raisons. Ce n’est pas tant pour la ruralisation d’un tissu urbain encore fragile qu’il faut s’émouvoir, mais pour le dépeuplement de la campagne, toute cette terre laissée en friche.