Situation préoccupante dans les prisons. Les chiffres publiés par les autorités font froid dans le dos et suscite des questions sur le respect des droits de l’Homme. Sur les 24 409 détenus, 15 612 soit 56,96% sont encore des prévenus en attente de leurs procès, selon les chiffres publiés par la direction de l’administration pénitentiaire.
Le nombre élevé des prévenus explique, du moins en partie, la surpopulation carcérale. Le pays compte en tout et pour tout 82 établissements pénitentiaires sur l’ensemble de l’île pour les accueillir. Dans la localité d’Ihosy, une prison qui dispose d’une capacité d’accueil de 120 personnes, abrite 320 détenus. Laza, un père de famille incarcéré depuis plusieurs années témoigne. « Ici j’ai froid, j’ai faim et je tombe souvent malade. Je veux retourner chez moi », se plaint-il et son cas est loin d’être isolé.
Les conséquences de la surpopulation carcérale sont nombreuses, ne serait-ce qu’en terme d’hygiène. Le principe de la réinsertion sociale est battu en brèche par la réalité. Selon les statistiques auprès du service d’exploitation des données de l’administration pénitentiaire, il n’existe que 158 éducateurs sur la Grande île, pour mettre en œuvre le programme d’accompagnements, en vue d’assurer le suivi psychologique et la réinsertion sociale des détenus. « Durant une séance, un éducateur peut encadrer 20 ou 30 élèves. Il peut donc arriver que des détenus ne soient jamais accompagnés durant leur séjour carcéral », témoigne Anja Rajaonary, inspecteur d’administration pénitentiaire.
Les autorités promettent des mesures correctives pour faire face à ce problème récurrent. Le Gouvernement a demandé l’accélération du traitement des dossiers des prévenus au niveau de la justice lors de la célébration du 60ème anniversaire de l’administration pénitentiaire, jeudi. Il évoque également l’amélioration de la nourriture des détenus « pour le respect des droits des prisonniers ». L’on attend également la concrétisation de la promesse gouvernementale, de construire de nouveaux établissements pénitentiaires. « Nous devons construire de nouvelles prisons, tant sur les Hautes Terres que dans les régions côtières. Le gouvernement a décidé d’entamer ce projet cette année. Nous proposons au ministre de la Justice d’identifier les lieux où l’on pourrait édifier ces établissements », indiquait Christian Ntsay.
Jacques Randrianasolo, ministre de la Justice proposait de multiplier les audiences foraines en attendant la construction de nouvelles infrastructures. Le Garde des sceaux évoquait les efforts entrepris par son département pour l’amélioration des conditions de vie des détenus, et de citer la construction et la réhabilitation de quatre maisons centrales, avec l’amélioration du système d’approvisionnement en eau et l’assainissement. En mai 2019, Il affirme avoir ordonné la proposition de trois menus en alternance dans les prisons. « En plus du manioc, les prisonniers mangent actuellement des repas variés, dont du maïs et du riz », certifie-t-il.