Antananarivo, 28 mars, 19h10 – La bataille fait rage autour de la requête aux fins de déchéance de Christine Razanamahasoa. La présidente de l’Assemblée nationale s’est rendue à la Haute Cour constitutionnelle (HCC), à Ambohidahy, sans pour autant franchir la salle d’audience pour l’occasion, jeudi. « Nous avons déposé une requête demandant un délai supplémentaire pour déposer notre [mémoire en] défense », indique-t-elle, alors que l’audience en soi n’a duré que trois quarts d’heures, y compris avec l’intervention des requérants.
La HCC avait demandé à Christine Razanamahasoa, visée par une requête aux fins de déchéances, de produire sa mémoire en défense « à faire déposer à la greffe de la Cour céans dans un délai de 48 heures » mardi, selon la missive adressée à la présidente de la Chambre basse. Elle fustige ce délai pour organiser sa défense, « qui n’est même pas expiré (…) Mais la HCC a fixé la date d’aujourd’hui (…) pour que je comparaisse », déplore-t-elle.
Pour la présidente de la Chambre basse, on « ne peut pas [lui] appliquer l’article 72 [ de la Constitution concernant la déchéance d’un député]. Celui-ci ne s’applique qu’en cas de transhumance politique. Mais je n’ai encore adhéré à aucun parti », argumente-t-elle avant de marteler la nécessité des « règles de procédure qu’il faut respecter comme le rappel à l’ordre express ».
Christine Razanamahasoa voit dans la procédure de déchéance engagée par le groupe IRD à l’Assemblée nationale contre elle un « acharnement ». «Ca se traduit aussi par des dérives », enchaîne-t-elle avant de parler d’une « démocratie en danger, de la République en danger ». “Nous avançons dans la voie de la justice (…) et on m’attaque dans la mesure où je défends l’Etat de droit », soulève-t-elle.
De son côté, Lalatiana Rakotondrazafy, ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle, monte sur le front pour défendre la démarche de la majorité présidentielle. « Un député ne peut pas changer de groupe politique autre que celui auquel il se fait élire », rétorque la porte-parole du gouvernement, dans une vidéo diffusée par la Dépêche informative Taratra jeudi après-midi.
La membre du gouvernement met en avant la nécessité pour chaque député de « respecter la discipline de parti ». « Si elle dévie de la ligne de conduite politique, il ne devrait plus rester député car elle trahit ses électeurs. Elle s’est présentée aux législatives pour soutenir le président Rajoelina (…) mais sa conduite tend vers le renversement du président de la République, c’est un motif de déchéance », étaye Lalatiana Rakotondrazafy, réfutant l’existence d’une « mesure exceptionnelle » pour la déchéance du chef d’institution.
Pour la ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle, Christine Razanamahasoa « veut torpiller le processus démocratique (…) son problème est qu’elle veut écarter le président fraîchement élu ». « Elle veut rester à son poste mais ne veut pas affronter la population. Pourquoi Madame Christine Razanamahasoa ne se présente-t-elle pas aux élections pour se mettre à l’épreuve des urnes », assène-t-elle.
Pour Ranesa Firiana Rakotonjanahary, secrétaire général de la HCC, les hauts conseillers vont examiner le dossier. « On ne sait pas quand est-ce que le verdict tombera comme on ne sait pas s’il y aura d’autres audiences ou pas », poursuit le magistrat.