Madagascar un pays officiellement ségrégationniste ? « Certificat de Nationalité Malagasy pour les noms à consonance étrangère » peut-on lire sur le site officiel de la Police Nationale pour les demandes de passeports. Comme l’actualité est à la CAN, prenons quelques cas de noms à « consonance étrangère », par rapport l’idée que l’on peut s’en faire à Madagascar, pour l’exemple : Melvin Adrien / Romain Métanire / William Gros / Jeremy Morel etc. Ces héros de l’équipe nationale MALAGASY seront donc mis à l’index, comme dans la période de l’apartheid en Afrique du Sud, lors d’une demande de passeport ? Bonne question…
Mais la vraie question est de savoir sur 27 millions, combien de vazaha zanatany, karana, sinoa, ont la ô combien trop précieuse nationalité malagasy ? Finalement une larme dans un océan, car le code de la nationalité ne leur est pas favorable (absence de droit du sol), pourtant ils sont visés par ce texte. Pourquoi donc pousser le vice jusqu’à s’acharner sur un patronyme à défaut de le faire à la face du client ? Pour la définition de la ségrégation, on peut lire dans le Larousse : « Processus par lequel une distance sociale est imposée à un groupe du fait de sa race, de son sexe, de sa position sociale ou de sa religion, par rapport aux autres groupes d’une collectivité » ; la notion de « race » serait donc à retenir, car selon la demande administrative cela ne serait que sous-entendu… ils ne sont pas de la race malagasy.
Prenons le cas d’un descendant de paysans malagasy. Sans papiers officiels sur plusieurs générations, quand lui aura réussi, et voudra demander un passeport, à aucun moment personne ne lui demandera de prouver sa nationalité malagasy par sa filiation, à aucun moment on ne mettra en doute qu’il est administrativement malagasy, même si pourtant il ferait défaut de le prouver. Donc oui Madagascar est un pays officiellement ségrégationniste.
Comme l’heure est à la fête, terminons sur une note positive liée aux Barea de Madagascar. Puisse la richesse de vos noms à « consonance étrangère », apporter de la joie à tous les malagasy, sans distinction aucune, là où les politiques ont trébuché et où l’administration a bâti un mur entre les citoyens d’un même pays.