La Présidence de la République calme le jeu après les critiques qui s’abattent sur elle à la suite de signature d’un accord-cadre avec un consortium chinois concernant l’exploitation des ressources halieutiques malgaches.
Respect des intérêts nationaux et de la loi. Rivo Rakotovao, président de la République par intérim, et Eric Randrasana, directeur de cabinet du Président, mettent en avant ces deux principes pour endiguer les vagues de reproches à l’encontre de l’accord-cadre passé avec le consortium chinois consortium Taihe Century Investments Developments co.Ltd.
« Avec ou sans cet accord, la perte pour le pays est largement supérieure à cela [accord-cadre de pêche avec un montant de 330 millions de dollars] (…) C’est le moyen de récupérer les 500 millions que nous perdons par an », lance Rivo Rakotovao, face à la presse à Ambohitsorohitra, mercredi. « Il faut regarder et baliser nos intérêts, mais ne pas tout de suite dire que nous sommes contre parce que cela risque de dégrader nos ressources », argue-t-il, s’adressant à ceux qui se sont indignés de la signature de l’accord-cadre.
Eric Randrasana, directeur de cabinet du président précise que tout reste à faire et que l’accord-cadre signé n’est que le début d’un long processus. « L’Agence malgache de développement économique et de la promotion des entreprises (AMDP) (…) n’est pas l’État ni un organisme d’État. Ce qu’elle signe n’engage pas l’État. Mais en tant que promoteur des entreprises et de la croissance, son rôle est de chercher et d’inciter tous ceux qui souhaitent travailler avec Madagascar », avance-t-il.
Pour lui, ce protocole d’accord « entrera en vigueur quand il sera conforme aux lois en vigueur à Madagascar, et quand les entreprises se conformeront aux lois. Il ne faut pas croire que parce qu’il y a eu un protocole d’accord, cela engage tout de suite l’État ». « Nous sommes dans un État de droit. Il y a des ministères et différents responsables qui doivent être impliqués », poursuit-il, après avoir expliqué que la première partie de l’accord-cadre sur la fameuse présence de 330 navires chinois pour exploiter les ressources halieutiques malgaches « n’est qu’une petite partie du protocole d’accord (…) [qui] commence par la fabrication des bateaux (…) par l’aquaculture et passe par la formation et l’équipement des pêcheurs».
Depuis quelques jours, des critiques se sont abattues sur la Présidence pour ce dossier, après la prise de connaissance d’une partie du contenu de l’accord-cadre signé par Hugues Ratsiferana, directeur général de l’AMDP en Chine le 5 septembre. Augustin Andriamananoro, ministre de la Pêche et des ressources halieutiques avait « regretté » la démarche initiée sans que son département « ne soit ni consulté, ni associé». Le membre du gouvernement fustige une entente « qui hypothèque les ressources halieutiques malgaches ».
Des membres de la société civile ont uni leur voix pour monter au créneau afin de torpiller l’entente. 26 groupements dont WWF, Conservation international Madagascar, Alliance Voahary Gasy (AVG) ou encore Transparency international initiative Madagascar (TI-IM) signent un communiqué dénonçant l’ « opacité » de l’opération, et demandant « la suspension immédiate de l’accord » ainsi que la publication des dispositions prévues dans l’entente. Ils expriment leur inquiétude, et soulignent la menace sur le développement durable et la préservation de l’environnement marin et côtier, derrière la démarche.