Le salaire minimum passera de 168 000 ariary à 200 000 ariary ainsi que l’a promis le président de la République durant la campagne électorale. Une promesse due qui n’est pas sans conséquence sur l’économie.
Une première pour le pays. Un « velirano » accompli pour le président de la République. « Il n’y a jamais eu dans l’histoire du pays une augmentation de salaire de 19% », a déclaré Erick Rajaonary, président du Groupement du Patronat Malagasy (Fivmpama), à la sortie de la rencontre entre les organisations patronales, les syndicats de travailleurs et le président de la République, mardi. Andry Rajoelina venait de confirmer, comme promis durant sa campagne électorale, que le salaire minimum passera de 168 000 ariary à 200 000 ariary.
Mais la hausse ne s’est pas faite sans concession pour l’État. Les employeurs, qui étaient dubitatifs par rapport au « velirano » présidentiel, ont pesé de tout leur poids pour que la décision ne se fasse pas sans compensation. C’est ainsi qu’ils ont obtenu la hausse du seuil imposable à l’impôt sur le revenu. Celui-ci passe de 250 000 ariary à 350 000 ariary. Ils ont également pu négocier l’exonération d’impôts des 20 premières heures supplémentaires, ainsi que la flexibilité des horaires de travail. « Ces trois choses tiennent compte de la productivité des entreprises », a souligné Noro Andriamamonjiarison, président du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM).
La hausse du seuil imposable et l’exonération d’impôts des 20 premières heures supplémentaires ne manqueront pas d’avoir des impacts sur les caisses de l’Etat. « Celui-ci va devoir trouver des compensations quelque part », relève Rado Ratobisaona, économiste. Celui-ci pense, notamment, à l’intégration des entreprises du secteur informel dans le secteur formel, soit à davantage de pression en matière de recouvrement fiscal.
Inflation
Les employeurs ont également réussi à faire passer que « la hausse de 19% ne concerne que le salaire minimum ». « Pour ce qui est des salaires d’un montant plus élevé, la hausse de fera en fonction des discussions entre les employeurs et les travailleurs », a encore soulevé Noro Andriamamonjiarison.
Du côté des syndicalistes, la joie est restée mesurée. « Nous reconnaissons tous que 200 000 ariary ne suffiront pas à sortir les travailleurs des difficultés qu’ils vivent au quotidien », a reconnu mardi Rémi Henri Botoudi, coordinateur de la Conférence des travailleurs de Madagascar (CTM). Celui-ci s’est néanmoins félicité d’un « début de la prise de considération de politique salariale à Madagascar ». Il a ainsi appelé les partenaires sociaux à agir pour mettre en place un cadre de concertation, en vue de favoriser le dialogue social en matière de rémunération à Madagascar.
Les craintes d’une inflation consécutivement à cette hausse du salaire minimum sont également bien présentes. « La revue du salaire à la hausse ne peut se faire sans être suivie d’inflation », soulève Timon Jules Rakotondrabe, enseignant en économie. Il suggère « un ensemble de mesures d’accompagnement pour stabiliser les prix sur le marché ». Il donne l’exemple du « vary mora » pour soutenir les familles les plus vulnérables. « Mais la création d’emplois reste la meilleure solution pour améliorer le pouvoir d’achat », conclut-il.