De Ranomafana à Andohahela, en passant par le corridor de Manakara, et du parc de Manombo, les feux attaquent les forêts et la brousse dans le Grand Sud Est depuis le 19 décembre. La sécheresse causée par l’absence des pluies ne fait qu’aggraver les incendies qui consument tout sur leur passage.
“C’est grave. Grave. Grave. Nous sommes partis de Manakara et jusqu’ici, tout est brûlé. Calciné. Enflammé. C’est injuste. Ce qui se passe est tellement injuste”, a déclaré Mgr Fabien Raharilamborainy, Président de la Conférence des évêques de Madagascar.
Depuis quelques semaines, le Grand Sud-Est du pays est en proie aux feux. Les évêques qui sont allés à Farafangana pour assister à l’installation du nouvel évêque de Farafangana n’en revenaient pas de ce qu’ils avaient vu sur la route. D’Ifanadiana, dans la région de Vatovavy, jusqu’à Tolagnaro, dans la région d’Anosy, en passant par Manakara, Vohipeno dans le Fitovinany, ou Farafangana dans l’Atsimo Atsinanana.
Les feux sont partout. Faisant des ravages dans les villages, les forêts, les savanes.
Le parc national de Ranomafana, censé être une aire protégée, n’a pas pu être protégé des flammes. La forêt tropicale humide a aussi été victime d’incendies.
Une première depuis des décennies, selon le ministre de l’Environnement et du développement durable.
“Le parc national de Ranomafana est l’un des symboles de Madagascar quand on parle de nature. C’est une forêt tropicale humide. Donc, c’est une forêt pluviale. Elle doit toujours être humide et ne devrait pas être atteinte par les feux. C’est la première fois qu’il y a des cas d’incendie dans le parc de Ranomafana. Ce matin (jeudi), j’ai rencontré les notables de la localité, et l’un d’entre eux m’a raconté qu’en 90 ans, c’est la première fois qu’il voit le feu dans le parc de Ranomafana. Pourquoi? Beaucoup de raisons cumulées font que les feux soient aussi intenses. Premièrement, la sécheresse. A Ranomafana, en principe, en novembre, il aurait déjà dû pleuvoir. Cette forêt aurait déjà dû être complètement humide. Or, jusqu’à maintenant, il n’y a toujours pas eu de pluies. Puis, il y a des sources, des rivières des environs, qui font tourner les turbines pour produire de l’électricité. Elles sont complètement à sec. C’est pour vous dire que les choses deviennent très difficiles avec le changement climatique”, a déclaré Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du développement durable sur la chaine de télévision nationale
Selon le ministre, 26 points de feu ont été détectés dans un rayon de 250 ha du Parc. Les chiffres officiels font état de plus de 50ha de superficie brûlée. Mais les feux dans la zone du Grand Sud Est ont commencé dans l’aire protégée de Manombo à Farafangana le 19 décembre, selon le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes.
Les estimations de la direction régionale de l’Environnement et du développement durable d’Atsimo Atsinanana font état de 89,4 ha de superficie attaqués par les flammes.
Dans le Fitovinany, ce sont 765 ha qui ont été touchés par les feux, selon le BNGRC. 372 ha dans le corridor de Manakara, 386 ha à Vohipeno, 6,5 ha à Ikongo.
Mais les plus graves ont été signalés à Tolagnaro : 150 ha à Mandena, 300 ha à Manambaro, des centaines d’hectares aussi dans l’aire protégée d’Andohahela.
La sécheresse qui aide à la propagation rapide des feux est considérée comme l’une des principales causes de l’ampleur des feux, Mais à l’origine des feux, les autorités évoquent des actes criminels, des feux de défrichage, mais aussi des incidents parfois involontaires. Sans oublier certaines croyances qui espèrent que les fumées feront tomber la pluie.
Derrière de nombreux points de feux, les autorités voient des actions humaines, Et les arrestations et les mandats de dépôt se sont multipliés ces derniers jours.
Outre les centaines d’hectares consumés par les feux, les pertes de forêts, de faune et de flore, des dégâts matériels sont aussi signalés.
A Tolagnaro, un fourgon de lutte contre les incendies de la société Bovima qui avait participé aux opérations d’extinction de feux, a fini calciné lui aussi.
Lors des six derniers mois, au moins dix parcs nationaux et réserves naturelles ont été ravagés ou menacés par les flammes.
On peut citer entre autres, la forêt sèche de Kirindy, la réserve d’Angavokely, les forêts de Mandraka, de Manombo, de Zahamena, de Vohibola.
En 2024, Max Fontaine ministre de l’Environnement et du développement durable a annoncé un bilan de 6 285 379 hectares consumés en 2024, lors du premier Conseil des ministres de cette année.
“En 2024, plus de six millions d’hectares ont été brûlés. Seulement 2% concernent des feux de forêt. Donc, 98% sont des feux de brousse et de prairie”, déplore Max Fontaine.