Antananarivo, 16 Novembre, 8h15 – “Les dons effectués par les dirigeants et les politiques n’éduquent pas les gens, ne visent pas le long-terme. Ce ne sont que des mesures-tampons qui ne se préoccupent que du court-terme”. Les évêques catholiques qui se sont réunis la semaine dernière ne mâchent pas leurs mots pour dénoncer les solutions mises en œuvre par les autorités pour résoudre les problèmes auxquels le pays fait face.
Evoquant les “brûlants problèmes de l’approvisionnement en eau et en électricité” qui restent “irrésolus”, ils parlent d’un “échec”, d’un “homicide indirect car l’eau, c’est la vie”. Mais ils mettent aussi en avant “la hausse continue des prix des produits de première nécessité, la recrudescence de l’insécurité dans de nombreuses régions, la déliquescence de l’éducation, du primaire à l’enseignement supérieur”.
Pour la conférence des évêques qui voit que “les dirigeants semblent insensibles, et ne semblent pas chercher d’autres plans et d’autres solutions”, c’est comme si “la population a été conditionnée pour subir et pour souffrir, au point d’accepter que la pauvreté est une fatalité”. “Celle-ci n’ose pas s’exprimer parce qu’il vaut mieux mourir demain qu’aujourd’hui”, poursuit-elle dans son communiqué publié vendredi.
Les évêques sont d’autant plus indignés de la situation que “certains osent encore dire que le pays avance et que les dirigeants sont tout à fait capables”. “A moins que des gens ou des groupes de gens soient payés pour flatter les autorités et fassent exprès de ne pas voir les souffrances de la population”, ajoutent-ils encore.
Face à cette situation et pour sortir le pays et sa population de ces “trop grandes souffrances”, les prélats catholiques en appellent à des “plans d’action clairs, continus et pérennes”. Ils invitent les dirigeants à mettre en place des “conditions permettant à la population de satisfaire leurs besoins fondamentaux et leurs besoins quotidiens”. Cela va de la nourriture et d’autres besoins matériels à la liberté d’expression, en passant par l’eau et l’électricité, l’environnement, la santé, l’éducation, la sécurité, les routes.
Mais “il est aussi temps de voir de près et d’urgence la création d’emploi et la préparation de l’individu à maîtriser son métier pour que celui-ci ne soit pas un fardeau pour son secteur, ou devienne un profiteur”, peut-on encore lire dans le communiqué des évêques. Le même message invite également à “tirer des leçons des failles du passé”.
Dans leur missive, les évêques adressent aussi un appel à la population. Ils lui demandent notamment de “se départir de la mentalité de toujours attendre les dirigeants”. “Faites face et réalisez avec amour et bonne foi le rôle qui vous incombe dans le développement du pays, que ce soit au sein de votre foyer, de votre communauté, de votre lieu de travail, de votre école ou de votre Eglise”, exhortent-ils.
Ils invitent aussi “à donner de la valeur aux rôles des parents et des acteurs de l’éducation”. Ils appellent “les médias à être de meilleurs éducateurs de la population à la vérité et au savoir-vivre, tout en étant leur porte-voix”.
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