Antananarivo, 1er Juillet, 15h15 – Bénéfique. C’est ce que devrait être l’intégration de Madagascar à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). L’adhésion à ce marché devrait permettre une création commerciale d’environ 37 millions de dollars par an pour la Grande île, d’après ce qui avait été exposé par la ministre des Affaires étrangères, Rafaravavitafika Rasata. C’était lors d’une conférence organisée dans le cadre de la cinquième édition de la Comesa federation of woman in business (COMFWB) Trade Fair, vendredi.
La Zlecaf a également le potentiel pour permettre à chaque pays membre de mieux faire connaître ses produits, son savoir-faire, ses talents et ses différents atouts sur un marché qui dépasse largement les marchés des sous-régions et de se faire ainsi une promotion au niveau du continent. La cheffe de la diplomatie malgache parle d’un «branding pour l’Afrique». Elle rappelle que l’accord sur la Zlecaf regroupe 54 pays africains et fait de l’Afrique le plus grand marché de libre-échange au monde, représentant un total de 1,2 milliards de consommateurs.
Le rapport de l’analyse sur les impacts commerciaux de la Zlecaf à Madagascar entreprise par le groupe de réflexion mondial ODI a démontré que ce marché commun pourrait générer une augmentation des importations totales de Madagascar de 0,1 %, soit environ 4,4 millions de dollars. La réduction correspondante des recettes tarifaires pour sa part est estimée à 1,5 million de dollars.
En termes d’exportations, les changements n’impacteraient que les exportations vers le Maroc et le Nigéria, qui augmenteront respectivement de 3,8 millions de dollars et de 9,7 millions de dollars, soit 58 % et 36 % du commerce total avec ces pays. L’étude soulevait aussi que les changements dans les exportations vers seulement deux pays compensent complètement l’expansion des importations générées par la Zlecaf en provenance de l’ensemble du continent, et il est peu probable qu’il y ait des changements majeurs dans la compétitivité.
La représentante résidente du Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD), Natasha van Rijn, soutient que la Zlecaf a le potentiel de sortir 30 millions de personnes de la pauvreté et d’augmenter les revenus de l’Afrique de 450 milliards de dollars. Ce qui devait représenter un gain de 7% de croissance économique pour le Continent en 2023.
Les avantages offerts par ce marché sont d’ailleurs très nombreux, soutient-elle, en citant entre autres la stimulation des investissements, l’accélération de l’industrialisation technologique ou encore l’élargissement des possibilités d’emplois. «Le PNUD s’intéresse donc à cette question car ce marché a le potentiel de réduire la pauvreté à Madagascar», lance Natasha van Rijn.
Mais il n’y a pas que des opportunités que la Zlecaf présente, soutient le président du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM), Francis Rabarijohn. Il souligne l’importance d’évoquer et d’évaluer également les risques en lien avec la capacité et la compétitivité du secteur privé malgache que ce marché de libre-échange présente. Il parle du risque d’envahissement du marché intérieur par les produits importés d’une zone de libre-échange telle que la Zlecaf, faute de compétitivité des produits locaux. Il évoque également la capacité des entreprises de la Grande île à entrer en compétition sur le marché de la Zlecaf, avec la taille du marché malgache ainsi que le défi logistique pour aller sur ces marchés.
L’administration et les autorités publiques ont ainsi la responsabilité d’instaurer un environnement et des conditions favorables pour que les entreprises malgaches aient les capacités et la compétitivité pour jouir de cette zone de libre-échange, plaide Francis Rabarijohn. “Le GEM est favorable à ce que nous avancions et que nous déposions les instruments de ratification de la Zlecaf. Il faut cependant que cette décision soit accompagnée de mesures en faveur du secteur privé”, lance-t-il. Cette position du GEM sera formalisée officiellement par une lettre qui sera adressée dans les prochains jours à la ministre des Affaires étrangères et le ministre de l’Industrie et du commerce, indique-t-il.