À l’instar de nombreux pays dans le monde entier, Madagascar a pris part à la célébration de la Journée mondiale de la radio, qui s’est tenue le 13 février. L’événement, lancé en 2011 par l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO), était l’une des rares occasions dans l’année pour se rappeler l’importance de ce média, notamment dans la société malgache. La radio a été, reste et restera un moyen d’information efficace pour toucher les différentes communautés de la Grande île.
Assis sur un banc parmi le public, Jocelyn Rafidinarivo, alias Jean Louis Rafidy observe calmement les animations données à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la radio, qui s’est tenue dans l’enceinte de la Radio Nasionaly Malagasy (RNM), à Anosy. Ayant commencé à travailler dans une station radio en 1959, ce journaliste doyen a été témoin de l’évolution de ce média à travers les années et suivant l’histoire de Madagascar. 60 ans plus tard, il confirme la place de celui-ci dans la société malgache. « Malgré la prolifération des chaînes de télévision, la radio ne perd pas sa place au sein de la société. En plus de l’information, elle joue un rôle important dans l’édification de la culture », affirme-t-il.
Source d’information et moyen d’éducation
Seule la RNM émettait avant 1989. Le nombre de stations radiophoniques dans la Grande Ile est passé de 240 en 2009 à, un peu plus de 350, actuellement. Une profusion qui peut s’expliquer par l’impact considérable de ce média dans la vie des citoyens.
Vivant à 15 km de la ville, Solofo et Solange, un couple d’agriculteurs, témoignent de la place de la radio dans leur quotidien. « Nous ne nous déplaçons pas souvent à Antananarivo et les journaux n’arrivent pas non plus jusqu’ici. La radio est pour nous le seul moyen de connaitre ce qui se passe dans le pays et de rester connectés avec le reste du monde », affirment-ils.
Dans un pays où une grande partie de la population est analphabète comme à Madagascar, le journal parlé tient une place importante, voire vitale dans la vie de la population. En effet, selon le Rapport du Développement Humain (RDH) publié en 2013 par le Programme des Nations Unis pour le Développement (PNUD), la Grande île figure parmi les pays où le taux d’alphabétisation s’élève entre 60 % à 70 %. Outre son rôle informatif, la radio constitue également un moyen incontournable dans la lutte pour l’éducation. Contrairement aux grands quotidiens malgaches qui accordent beaucoup de place à la langue française, les radios ont la particularité de diffuser la plupart des émissions en malgache. Ce qui est un avantage pour les populations vulnérables, dont les analphabètes, les pauvres et les handicapés.
Édification et promotion de la culture
Dans son livre intitulé « La radio-télévision au service de la promotion socio-culturelle », Abraham A. Moles souligne la distinction entre les informations et la culture. Contrairement aux informations qu’il considère comme des faits nouveaux à caractère transitoire, selon lui « la culture est ce qui est destiné à rester, à meubler le cerveau des récepteurs ». Du fait de son caractère omniprésent et son pouvoir de suggestion, la radio possède une mission vitale dans l’édification et la promotion de la culture au niveau de la population. Nombreuses sont les émissions radio intervenant dans ce domaine. Parmi les plus connus figurent les « Tantara », traduits en français par « feuilleton radiophonique ». Ceux-ci constituent l’un des moyens utilisés par certaines stations pour transmettre les richesses de la culture malgache. Hanta, une mère de famille résidant en dehors d’Antananarivo a organisé son programme de la soirée de sorte à ne rater aucun feuilleton de la radio. « À chaque fois qu’un épisode se termine, je bascule vers une autre chaîne pour en écouter un autre. Comme on n’a pas de télévision, c’est aussi un moyen pour moi de me détendre avant de me coucher », confie-t-elle.
Il est vrai qu’avec l’évolution de la technologie, les jeunes ont remplacé l’usage partiel de la radio par d’autres médias dont Youtube et Facebook. En revanche, Jocelyn Rafidinarivo considère que celle-ci n’est aucunement menacée par la prolifération de ces nouvelles plateformes. « Il est vrai que la radio doit s’adapter avec l’évolution de la technologie. Cependant, elle reste le moyen d’information le plus rapide. Mais pour faire face à ces changements, les informations qu’elle diffusent ne doivent pas seulement être rapides, mais vraies et raisonnables », conclut-il.