Pressée, la JIRAMA choisit la mise en place de citernes dans les fokontany, pour faire face au problème d’approvisionnement en eau.
Il est 9 heures à Andraisoro. Les habitants s’impatientent en attendant le camion chargé d’approvisionner en eau potable tout le quartier, une scène devenue habituelle depuis quelques jours.
Le manque d’eau provoque un important désagrément pour les habitants des quartiers touchés par le problème. Certains avouent qu’ils ne se lavent plus. L’eau est réservée à des tâches spécifiques, comme la cuisson et la vaisselle. Furieux, certains n’écartent pas l’idée de lancer une grève si jamais la Compagnie d’eau et d’électricité (JIRAMA) ne trouve pas une solution au plus vite. « Nous attendons depuis une heure du matin. Nous sommes épuisés. Nous ne dormons pas la nuit à force d’attendre le retour de l’eau », témoigne un père de famille, faisant la queue pour puiser de l’eau.
Selon Tsitohery Francesca Andrimampionona, directrice de la communication auprès de la JIRAMA, cinq zones sont identifiées comme étant les plus en difficulté dans la capitale. La zone Est, incluant les quartiers d’Ambatomaro, Ankadindramamy et Ambohimangakely, est l’une des plus touchées par une réelle pénurie d’eau. « Dans ces endroits, la coupure peut durer plusieurs jours. L’eau peut revenir vers le matin, mais juste pour quelques heures », explique-t-elle.
Pour approvisionner ces quartiers, la compagnie nationale collabore avec les fokontany. Vingt six sites, incluant neuf fokontany dans la partie Est de Tanà bénéficieront d’un approvisionnement en eau potable, ce par le biais des réservoirs. L’objectif est de remplacer les bornes fontaines par des citernes d’une capacité de 5 à 10 m3, pour pouvoir faire face au manque d’eau durant la période d’étiage. Ces citernes sont chargées par des camions acheminés, à ses frais, par la JIRAMA.
La fréquence de la distribution dépendra de l’organisation mise en place par les responsables au niveau de ces fokontany. Selon Tsitohery Francesca Andrimampionona, les quartiers les plus vulnérables seront priorisés.
Solutions à moyen et long-terme
Les abonnés seront obligés de payer cette rareté de l’eau, devenue problématique, à des prix fixés par les responsables de la distribution. « Certains peuvent utiliser l’eau comme bon leur semble : laver leur voiture ou arroser leur jardin. Mais il est mieux de contrôler justement l’utilisation de l’eau, il est important que les gens paient. Cela permettra aussi à tout un chacun d’économiser l’eau », explique la directrice de communication de la JIRAMA.
Il s’agit d’une solution à très court terme qui ne satisfait pas les habitants des quartiers touchés par le problème. « Avec la citerne, nous pouvons avoir deux bidons par personnes par jour, à peine suffisant pour laver la vaisselle », grogne Clarisse Rasoarimalala, habitante d’Andraisoro. Parallèlement, la JIRAMA prévoit la construction d’une station de production d’une capacité de 200 m3 par heure, dans la zone Est de la capitale, plus précisément à Amoronankona. Cette solution à moyen terme devrait soulager la partie orientale d’Antananarivo.
La Compagnie d’eau et d’électricité est également en train de poursuivre les projets, lancés depuis plusieurs années, en matière d’assainissement de la Ville des Mille. Selon Vonjy Andriamanga, ministre de l’Eau, de l’énergie et des hydrocarbures, certains des travaux effectués en ce moment entrent dans le cadre du projet Tana Water Free, financé par l’Union Européenne. Cela consiste à implanter des stations de forage, dans des zones ne pouvant accueillir des stations de production. C’est le cas pour les fokontany d’Ambohidrapeto, Sabotsy Nameana et Ilafy, où les responsables effectuent actuellement un essai technique. « Les travaux effectués à Itaosy en ce moment entrent dans le cadre du projet « Tana Water Free ». On est actuellement en train de mettre en place six forages d’une capacité de 100 m3 par heure. Deux ont déjà été installés et les quatre autres devraient être bouclés dans environ dix jours », affirmait le ministre, le 15 Août.
Un autre projet, toujours financé par l’Union européenne, et lancé à la fin des années 2000 consiste en l’amélioration des réseaux existants. « Si tout va bien, celui-ci devrait débuter en 2020 et devrait durer quatre à cinq ans », soutient Tsitohery Francesca Andrimampionona. Ces initiatives devraient également solutionner le problème de manque d’eau potable dans tout Madagascar, car, à entendre Vonjy Andriamanga, il ne devrait plus y avoir de chef-lieu de district souffrant d’une pénurie d’eau, d’ici à 2021.