X Y, Z : X le pays de nulle part ; Y comme Yougoslavie, le puzzle de Tito qui allait imploser dans l’onde de choc de la déflagration de l’URSS, Z comme le Zaïre de Mobutu ou le Zimbabwe de Mugabe. Tito (27 ans au pouvoir), Mobutu (32 ans au pouvoir), Mugabe (37 ans au pouvoir) : il y avait des noms comme ça qui hantaient nos manuels des années de République socialiste sans que l’histoire majuscule inscrive jamais leur patronyme dans la colonne des profits.
Robert Mugabe est mort dans un hôpital à Singapour. Il était le héros de n’importe quoi, incapable en 37 ans de pouvoir dictatorial d’équiper son pays d’un établissement qui eût pu lui prodiguer les soins nécessaires. La liste est interminable de ces indépendantistes qui n’ont eu aucune honte d’une évacuation sanitaire par défiance envers le système de santé publique de leur pays : l’Ivoirien Alassane Ouatara avait été opéré d’une sténose du canal lombaire à l’hôpital américain de Neuilly ; le Zambien Michael Sata était décédé d’une «maladie non révélée» dans un hôpital de Londres alors que son prédécesseur Levy Mwanawasa mourut d’une attaque cérébrale à l’hôpital militaire Percy près de Paris ; l’Éthiopien Meles Zenawi est mort d’une «maladie bénigne» dans un hôpital de Bruxelles ; avant son décès le Gabonais Omar Bongo avait été pris en charge à l’hôpital Quiron de Barcelone pour un cancer des intestins ; le Togolais Gnassignbe Eyadema devait mourir à bord de l’avion qui l’évacuait vers un hôpital en France…
Avant sa chute en 1972, le président malgache Philibert Tsiranana avait été hospitalisé à Paris pour des problèmes cardiovasculaires ; Albert Zafy, chirurgien de son état, avait bénéficié d’une «Evasan» d’urgence sur La Réunion pour une AVC ; Didier Ratsiraka accompagne régulièrement son épouse pour des soins médicaux à Paris…
Au Zimbabwe, Robert Mugabe était le «Père de l’indépendance», sa première épouse Sally «mère de la nation». On fait dire aux mots tout et surtout n’importe quoi dans la dithyrambe. Ce sont ces prétendus «Pères de ceci» et «Mère de cela» qui ont absolument échoué à donné à leur pays la vraie indépendance : celle de ne pas voir le budget de l’État sous perfusion des prêts étrangers, celle de faire confiance aux universités locales pour l’instruction de ses propres enfants, celle de pouvoir confier sa vie aux hôpitaux du pays.