À tout le monde, il est d’usage, et de courtoisie, de souhaiter «longue vie». Kirk Douglas aura eu une longue vie : 103 ans. Issur Danielovitch Demsky, fils de Juifs russes émigrés aux États-Unis, est mort, rassasié d’années, «voky taona» comme on dit en malgache.
La vieillesse est vraiment un naufrage, comme l’écrivait Charles de Gaulle alors qu’il avait lui-même déjà soixante-quatre ans : les dernières images de Kirk Douglas, très très vieux, et pas beau vieillard, nous ramènent à la brutalité de notre date inexorable de péremption. On peine à croire que c’est bien le même homme que l’acteur athlétique dans «Spartacus». Un film que les moins de vingt ans peuvent très bien connaître depuis que les archives existent.
Quoique. Pour ma part, j’aurai connu Spartacus, non en cours d’histo-géo sur la Rome antique, mais dans une bonne vieille «bandes dessinées» : Alix, tome 12, «Le fils de Spartacus», Casterman, 1975.
Spartacus, un peplum de 1960. Kirk Douglas avait déjà la quarantaine. Il aura successivement incarné un boxeur (1949), un cowboy de Western (1957), un Viking borgne (1958), le général Patton (1966), et donc gladiateur dans les arènes de Rome. Après avoir financé ses études d’art dramatique comme lutteur de foire. En 1986, à 70 ans, Kirk Douglas courait encore sur le toit d’un train en marche…
La vieillesse est un naufrage en fauteuil roulant. Autant retenir de Kirk Douglas ses images dans la force de l’âge. César d’honneur 1980, Oscar d’honneur 1996, Ours d’honneur 1991. La vieillesse est un triste naufrage. Alors, «longue vie», mais pas trop.