«Terrain (rizière) à remblayer de 1704 m2 bordant la nouvelle route Rocade-Ankerana», «Terrain (rizière) de 546 m2, bord de la nouvelle route Rocade-Ankerana, idéal pour projet immobilier, bureau, hôtel, commerce, station-service»…
Si je devais plaider la valeur historico-agricole de la plaine du Betsimitatatra, d’Alasora ou de Laniera, je sais ne pas avoir à m’adresser aux agences immobilières. Dès la première pelletée de remblai pour le by-pass Iavoloha-Ambohimangakely, on savait à l’affût tous ceux qui n’ont cure ni d’histoire ni d’hydrologie. Le remblayage massif de part et d’autre du By-pass, de la part de communes rurales, à la souveraineté par arrêté sans commune mesure avec l’impact catastrophiquement colossal de la disparition des rizières ou de lacs (cf. Imerimanjaka), ne satisferait à aucune étude d’impact environnemental sérieuse.
Mais, qui s’en soucie sauf des dinosaures qui n’ont pas oublié l’histoire et qui ont lu les mises en garde des urbanistes engagés dans les projets MAG 79/009 (1980-1982) et MAG 82/009 (1983-1985) à propos du «Développement urbain d’Antananarivo».
«Terrain (rizière) à remblayer, bordant nouvelle route Rocade» : c’est un générique qui avait dû passer inaperçu quand les opérateurs immobiliers avaient jeté leur dévolu sur And-Raharo ou Ankorondrano, dans les années 1960-1970, prenant en tenaille les milliers d’hectares de rizières entre Antananarivo et Ambohimanarina. Cinquante ans plus tard, c’est un générique en gestation quand les spéculateurs fonciers vont se lancer à l’assaut des onze kilomètres de part et d’autre de la Route de la Francophonie sur le Laniera, entre Tsarasaotra et Ivato.
Après la première pelletée de remblai, toujours succède le carrousel de camions chargés de la terre enlevée aux collines et qui s’en vont la déverser, de jour comme de nuit, le long de la Route-digue depuis Ankadimbahoaka jusqu’à Ambodihady-Ambohimanarina, ou entre Anosizato et Ampitatafika, ou au pied d’Ankadindambo-Ambohimangakely…
Si l’opération était publique, d’Aménagement du Territoire, au moins on aurait la consolation théorique d’une étude urbanistique dans les règles de l’art. Mais, ce sont des privés qui dictent de facto la configuration d’Antananarivo en créant et multipliant des lotissements résidentiels sur des marécages, des marais, des rizières, des lacs. Bientôt, ils vont remblayer l’Ikopa.