Favoriser la présence des femmes dans des postes clés à Madagascar. Ce point a été soulevé durant une conférence organisée au cours de la deuxième édition du Women In Business (WIB), le rendez-vous annuel des femmes entrepreneurs.
Où sont les femmes ? Au sein du gouvernement, elles ne sont que cinq sur 22. Aux législatives elles étaient à peine 126 à s’être portées candidates sur un total de 855 candidatures. Au sein du secteur privé, les postes les plus importants sont majoritairement occupés par des hommes, tandis que les femmes chefs d’entreprise se trouvent souvent à la tête de petites et moyennes entreprises.
Durant la campagne électorale pour la présidentielle, Andry Rajoelina avait promis une parité hommes-femmes dans le gouvernement mais n’a pu tenir sa promesse une fois élu. À Madagascar, il reste du chemin à faire pour qu’il y ait autant d’hommes que de femmes aux postes de décision. Le vérificateur du Genre et de Développement de la SADC en 2018 montre que Madagascar présente le pourcentage le plus bas de femmes dans les instances de décision économique avec 13% contre 44% au Botswana.
La deuxième édition du Women in Business (WIB), le rendez-vous annuel des femmes entrepreneures qui s’est tenu les 11 et 12 juin à Anosy, a été l’occasion d’échanger sur le sujet. Pourquoi les femmes n’occupent-elles pas des postes clés ? Comment faire pour qu’elles y soient ? Des questions auxquelles des pistes de réponse ont été trouvées lors de la conférence sur la libération du potentiel des femmes entrepreneures. Les échanges ont alors porté sur la manière dont pourraient être bousculées les habitudes de prééminence des hommes dans l’occupation des postes à responsabilité.
Premier constat : ce sont parfois de vieux réflexes qui empêchent les femmes de franchir le pas. Coralie Gevers, responsable des opérations de la Banque Mondiale à Madagascar et aux Comores, affirme que les femmes ont tendance à prendre moins de risque que les hommes. Ce constat est partagé par Faranah Goulamaly, fondatrice de « Envol Madagascar ». « Quand une femme regarde une offre d’emploi, elle repère deux ou trois qualités qu’elle n’a pas et elle se dit que ce n’est pas pour elle », déplore-t-elle. « Pourtant, un homme irait postuler, peu importe même s’il ne répond qu’à 50% des critères », précise-t-elle.
Les femmes ne sont pourtant ni moins compétentes, ni moins performantes. Quelques exemples permettent de démystifier l’apanage des hommes sur certains postes. De Marie Zénaïde Ramampy, première femme malgache à tenir le poste de commissaire de police, en passant par des femmes telles que Florette Andriamiarisatrana (saluée par une minute de silence émouvante lors de l’évènement), habituée à occuper des hautes fonctions dont la présidence du comité de Réflexion et de Compétitivité et en même temps femme d’affaires de son vivant, en sont l’illustration. Une autre femme d’affaires, directrice d’une entreprise, affirme, non sans difficulté, arriver « à gérer un staff, composé d’environ 85 % d’hommes ». Mais ces exemples restent encore minoritaires pour rééquilibrer la balance.
Pour y remédier, l’idée de la consécration d’une discrimination positive par la loi a également été lancée durant la rencontre mais d’autres arguments considèrent celle-ci comme inefficace. Présente à la conférence, Lantosoa Rakotomalala, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat, a mis en avant la nécessité d’encourager les femmes à briguer ou à accepter les postes de décision.
Des actions en ce sens sont déjà mises en œuvre par les différentes associations militant pour le genre, soutenues par les organisations internationales à travers des formations et des campagnes de sensibilisation destinées aux femmes. Madagascar dispose également d’une politique nationale de promotion de la femme. La persistance de certaines habitudes et de certains stéréotypes liés au genre et réservant aux femmes certaines tâches a toutefois tendance à rendre difficile l’application du principe de la parité.