Antananarivo, 23 Février, 8h05 – Le gouvernement en campagne pour la promulgation de la loi instaurant la castration parmi les peines à infliger aux violeurs d’enfants. Jeudi, le porte-parole du gouvernement, Augustin Andriamananoro, est venu sur la chaîne de télévision publique pour « appeler la Haute cour constitutionnelle à ne pas tergiverser dans l’examen du projet de loi qui se trouve entre ses mains », et « à faire preuve de sagesse » car « trop d’enfants innocents sont victimes de viols ».
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Dans la foulée du Conseil des ministres de mercredi où le président de la République a noté la recrudescence des cas de viols, le ministre de la Communication et de la culture ainsi que la ministre de la Population et des solidarités sont montés au créneau pour sensibiliser à la prise de conscience face à la hausse du nombre d’enfants violés. En s’appuyant sur des cas réels et des photos « insoutenables » selon Augustin Andriamananoro, ils rappellent qu’en moins de deux mois, il y a eu 144 cas. « Si nous ne faisons rien, ce chiffre atteindra le millier à la fin de l’année », soulève encore le porte-parole du gouvernement.
Dans sa « plaidoirie » en faveur de la loi, Augustin Andriamananoro fustige ceux « qui osent encore défendre les droits des violeurs sous prétexte que cela fait partie des droits de l’homme ». Pour lui, le débat actuel sur le sujet n’a pas lieu d’être. « Il faut en finir avec la défense des droits des criminels », « levons-nous pour défendre les droits des familles des victimes et des victimes innocentes », martèle-t-il, ne cachant pas ses « émotions après avoir vu les images diffusées » par la TVM.
Pour l’heure, le projet de loi intégrant la castration parmi les peines à appliquer aux personnes reconnues coupables de viol se trouve entre les mains de la HCC pour contrôle de constitutionnalité. Alors que la Cour d’Ambohidahy avait sorti jeudi ses décisions sur les deux autres dossiers qui y avaient été introduits les 12 et 13 février, le projet de loi modifiant le Code pénal est encore dans la liste des dossiers en instance.
L’organisation Amnesty International, dans un communiqué publié il y a deux semaines, avait estimé que « l’application de la castration ne résoudra pas les problèmes de viols sur mineurs et n’est pas compatible avec les dispositions constitutionnelles malgaches contre la torture et les traitements, ainsi qu’avec les normes régionales et internationales relatives aux droits humains ». Elle avait notamment évoqué « un traitement cruel, inhumain et dégradant » qui viole ainsi les droits de la personne humaine, et avait appelé les autorités à abroger le texte.
Le parti Humaniste écologiste de Madagascar, de son côté, évoque « un projet de loi populiste ». Il estime que « les failles se trouvent surtout dans l’application des lois qui existent ». Mais le parti dénonce aussi les conditions sociales et la pauvreté pour expliquer la recrudescence des viols, mettant entre autres en avant la promiscuité et prenant l’exemple de ces ménages avec huit enfants entassés dans une seule chambre. Il estime alors que « la solution aux problèmes de viols doit d’abord passer par l’amélioration du social avec des enfants qui vont à l’école, des parents qui ont des emplois décents, ou encore des familles qui ont un logement digne d’une personne humaine ».














