Il n’y a pas loin du Capitole à la roche Tarpéïenne. Érigés en héros par tout un pays, reconnus et respectés dans le gotha du football africain en 2019, les Barea, l’équipe nationale malgache, auront fort à faire pour rééditer, au moins, leurs performances, voire les bonifier cette année.
Les Barea avaient réalisé un parcours historique lors de leur première participation à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Égypte l’année dernière. Se hissant aux quarts de finale de la compétition, l’exploit de l’équipe malgache a été retentissant. Celle-ci avait réussi à souder tout un pays et a rendu fier tout un peuple. Elle suscite de la sympathie et de la considération dans le monde du football, du moins continental.
Mais les Barea n’ont pas le temps de se reposer sur leurs lauriers. Ils doivent confirmer dès cette année l’énorme attente placée en eux. La mission est simple : se qualifier pour la prochaine CAN de 2021 au Cameroun. Goûtant aux joutes continentales de leur équipe nationale, les férus du ballon rond rêvent désormais d’une première qualification à la Coupe du monde au Qatar en 2022, ce qui n’est pas une mince affaire.
Les Barea sont bien partis pour retourner se frotter au gotha du football africain. Victorieux de leurs deux premiers matchs dont un résultat historique 6 à 2 à l’extérieur contre le Niger, ils surfent sur les vagues de la bonne dynamique de la CAN 2019. L’équipe nationale caracole en tête du groupe K, laissant derrière elle l’ogre ivoirien.
La double confrontation avec les Éléphants risque justement d’être décisive pour la qualification camerounaise. Une fois de plus, les Barea devront montrer du caractère pour gérer une bête blessée, défaite par l’Éthiopie, le 31 Août, à l’extérieur, et le 8 Septembre, à Madagascar.
Avec six points dans leur escarcelle, les Barea doivent encore cravacher pour assurer leur qualification. Titi Rasoanaivo, coach de Fosa Junior affirme que « malgré la première place du groupe K », les poulains de Nicolas Dupuis « sont obligés de gagner six points supplémentaires pour obtenir le ticket [pour le Cameroun] ».
Pour honorer leur rang, les Barea sont également attendus dans la campagne de qualification pour la Coupe du monde. Ceux qui sont classés troisièmes lors de la CAF Award du 7 janvier dernier entreront en lice pour les éliminatoires de la plus prestigieuse compétition sportive dans le monde au mois de mars et au mois de juin, avec une rencontre prévue au Stade de Vontovorona.
Alchimie
Pour l’heure, on ne connaît pas encore les adversaires des Barea. Le tirage au sort aura lieu le 21 janvier pour la formation des dix groupes de quatre. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas d’une promenade de santé. Les premiers de chaque groupe s’affronteront ensuite entre eux pour avoir le droit d’aller au Qatar.
L’un des chantiers de l’entraîneur Nicolas Dupuis est de gérer la pression, ou l’attente, c’est selon, de l’opinion. Pour l’heure, les Barea marchent sur l’eau et balayent tout sur leur passage. Mais la vérité d’un match n’est pas celui d’un autre, la vérité d’un tournoi n’est pas celui d’un autre. Arrivée en tant qu’outsider au pays des Pharaons, l’équipe nationale malgache ne peut plus bénéficier de l’effet de surprise. Elle est désormais attendue partout où elle passe et chacune de ses sorties est scrutée.
Avec les échéances qui arrivent dès cette année, les Barea doivent également trouver la clé pour assurer les résultats immédiats tout en pensant à l’avenir sans compromettre l’équilibre du groupe. Faute de structures pérennes, le staff avait réussi à monter une équipe compétitive à la CAN. Mais avec une moyenne d’âge de 28,7 en Égypte, le groupe a besoin de sang neuf, tout en ayant en tête l’impératif des résultats.
La tâche de Nicolas Dupuis est de trouver cette alchimie entre un groupe qui a fait ses preuves tout en cherchant la solution pour le futur. Les Anicet Andrianantenaina, Lalaina Nomenjanahary, dit Bôlida, Bapasy Razakanantenaina, Jérôme Mombris, Romain Métanire, Ibrahim Amada, Jeremy Morel ou encore Carolus Andriamahitsinoro, des joueurs très utilisés par le coach jusqu’ici, sont tous des trentenaires.
Titi Rasoanaivo estime que « jeunes devraient être intégrés dans cet effectif ». « Dernièrement, Nicolas Dupuis a donné la chance à la jeunesse en faisant entrer en jeu Arnaud Randrianantenaina [contre le Niger à Niamey]. Mais il faut renouveler cette expérience », insiste-t-il.
Pour sa part, Sylvain Ranjalahy, journaliste sportif, milite « pour la multiplication des matchs amicaux afin d’intégrer petit à petit les jeunes joueurs ». Un vœu qui n’est pas aisé à mettre en œuvre, compte tenu du calendrier imposé par la Fédération internationale du football association (FIFA) et la Confédération africaine de football (CAF).