Malgré les impacts négatifs de la corruption sur l’économie du pays, de plus en plus d’entreprises y ont recours. Le système s’est ancré dans les habitudes.
« La corruption est un acte criminel ». Ketakandriana Rafitoson, directeur exécutif de Transparency International Initiative Madagascar met le point sur les i. À l’heure où la corruption semble devenue un acte habituel, la déclaration apparaît comme une nécessaire piqûre de rappel.
Car « la corruption devient banale », regrette-t-elle. « Il y a une institutionnalisation de la corruption », poursuit-elle, indiquant que même « les entreprises ont des budgets corruption, des pots de vin à verser à certaines autorités au moment de payer les impôts ».
La conférence qui s’est tenue à l’Université d’Antananarivo le 26 Octobre dernier sur le thème « Corruption et réformes économiques » a été l’occasion pour les acteurs du secteur économique de discuter de ce fléau qui gangrène l’économie du pays.
Le Dr Hery Ramiarison, économiste, a rappelé durant son intervention le classement de Madagascar sur la liste des pays en fonction du niveau de perception de la corruption : 155ème sur 180. Autrement dit, le 25ème pays perçu comme étant le plus corrompu sur une liste de 180 pays.
Mais il ne s’agit pas d’une simple perception. Le Dr Hery Ramiarison a illustré ses propos par des cas concrets, donnant l’exemple de « la passation de marché public qui est truffée de corruption ».
La situation n’est pas sans conséquence sur l’économie du pays. « La corruption fait stagner la croissance économique de notre pays et constitue une source d’instabilité de la structure financière », a également souligné Harimahefa Ratiaraisoa, coordinatrice nationale des Pôles anti-corruption.
Le constat est partagé par Marc Gérard, représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) à Madagascar. « La corruption affecte l’environnement des affaires », déplore-t-il.
Plusieurs solutions ont été avancées au cours de la conférence. Une structure judiciaire indépendante et impartiale, le renforcement de l’arsenal législatif et la réforme de la gestion des finances publiques, l’éducation civique et citoyenne, la révision des peines encourues en fonction du niveau des actes commis sont, entre autres, les propositions citées. Il a été rappelé au cours des discussions que « personne n’est obligé de recourir à la corruption. C’est une question de choix et de principe ».