Une nouvelle ère. C’est en ces termes que l’État présente les négociations de ces derniers jours avec les compagnies pétrolières, débouchant entre autres, sur un accord de baisse immédiate des prix des carburants.
Vonjy Andriamanga, ministre de l’Énergie, de l’eau et des hydrocarbures a signé l’arrêté relatif à la nouvelle structure tarifaire et à la composition du prix des carburants, jeudi à son bureau. Il s’agit de la formalisation de l’issue des trois jours de discussions entre l’Exécutif, avec le chef de l’État en tête, et les dirigeants des compagnies pétrolières.
Cette nouvelle structure tarifaire débouche sur une baisse de 100 ariary pour le litre d’essence, passant de 4200 ariary à 4100 ariary à partir de ce 20 juin sur l’ensemble du territoire. Celui du gazole connaît une diminution de 150 ariary, affiché ainsi à 3 400 ariary au lieu de 3550 ariary. L’écart, le plus important, est lié au prix du litre du pétrole lampant, avec une baisse de 500 ariary, donnant un nouveau prix à la pompe de 2130 ariary.
Dans la nouvelle composition des prix des carburants, Vonjy Andriamanga dévoile entre autres la baisse à 40 dollars US à, la tonne métrique du frêt, au lieu de 68 avant les discussions. « La marge bénéficiaire des pétroliers a également diminué. Elle connaît une baisse de 20 dollars, dans la mesure où elle est passé de 120 dollars US le mètre cube à 100 dollars US », détaille le membre du gouvernement.
Avec cette nouvelle mesure, le gouvernement met en avant une volonté de privilégier « la majorité » et le monde rural avec la plus forte diminution sur le prix du litre du pétrole lampant. Il insiste par ailleurs sur l’économie obtenue, grâce à la nouvelle composition du prix des carburants, à hauteur de 60 milliards d’ariary par an.
Principe de lissage de prix
Dans les discussions entre l’État et les compagnies pétrolières, il avait été question de la mise en place d’un nouveau système ayant le même principe que lissage de prix. « Cela devrait permettre d’amortir une hausse brutale du prix et de l’échelonner sur plusieurs mois en cas d’augmentation du cours mondial », lâche le ministre de l’Énergie, de l’eau et des hydrocarbures. Il assure pourtant qu’il n’y aura plus de recours à la subvention pour empêcher la hausse du prix.
Vonjy Andriamanga soutient également, que la nouvelle structure tarifaire des carburants, rend aussi possible à l’État d’effacer les arriérés qu’elle doit aux compagnies pétrolières. L’arrêté s’applique à partir du 1er janvier, avec effet rétroactif. «Cela nous permet d’effacer notre passif qui s’élève à 110 milliards d’ariary », précise le ministre. Il fait référence aux dettes dues aux pétroliers concernant le blocage de la hausse du prix des carburants pendant plusieurs mois.
Les autorités évoquent d’autres mesures adoptées lors des discussions avec les compagnies pétrolières. Il s’agit, entre autres, de la construction de stations-services dans 40 districts « qui n’en ont pas ». Andry Rajoelina avait également confirmé le projet, dans l’air depuis quelques temps, du déplacement du dépôt des carburants à Ankorondrano, ainsi que l’augmentation de sa capacité. « Au lieu de 21 jours, nous aurons un stock de 45 jours (…) avec des infrastructures qui suivent les normes », avait soutenu le chef de l’État. « Il s’agit d’un consensus. Les deux parties ont fait chacun des concessions », glisse Vonjy Andriamanga.
Le 28 avril, Andry Rajoelina avait fustigé les compagnies pétrolières, et leur marge bénéficiaire, lors de la présentation du bilan de ses cent jours à la tête de l’État. Le président de la République avait dénoncé la déclaration des compagnies pétrolières, faisant état du prix du frêt à 68 dollars US la tonne métrique pour l’arrivée d’une cargaison à Madagascar, alors qu’il affirmait avoir obtenu une cotation à 18,24 dollars US. Il avait également pointé du doigt la marge bénéficiaire desdites compagnies, estimée à 124 dollars us par tonne métrique « alors que nous pouvons leur demander de la baisser à 68 dollars, pour arriver à une diminution de 198 ariary par litre », avait-il soutenu.