La greffe de cellules souches pour guérir de la drépanocytose ne peut être effectuée à Madagascar. La transfusion sanguine, et la prescription de certains médicaments aux patients, ne permettent que de stabiliser la maladie.
On ne guérit pas encore de la drépanocytose à Madagascar. Les patients atteints de cette maladie du sang, d’origine génétique, se caractérisant par une anomalie des hémoglobines, doivent vivre avec celle-ci jusqu’à la fin de leur vie. Seule une greffe de cellules souches, mais qui n’est pas encore pratiquée sur la Grande île, permet de guérir de cette maladie. Cette opération consiste à remplacer les hémoglobines anormales du patient, par des hémoglobines saines provenant généralement d’un donneur compatible, ou parfois du patient lui-même mais après correction des cellules anormales. Si des spécialistes malgaches ont la compétence pour la pratiquer, il manque surtout les matériels médicaux nécessaires à son bon déroulement.
« Pour le moment, nous ne pouvons pas encore réaliser la greffe de cellules souches à Madagascar », regrette le Professeur Olivat Alson Rakoto, biologiste et hématologue, directrice de l’Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona. Le médecin soulève également l’absence de texte autorisant ou interdisant le traitement. « Le droit positif malgache est muet sur le sujet », ajoute-t-elle. Pour bénéficier d’une greffe de la cellule souche, les patients doivent ainsi aller à l’étranger. Ce qui est loin d’être accessible à tous, ce compte tenu du coût, qui se chiffre à des centaines de milliers d’euros. Ce traitement est par ailleurs réservé aux formes les plus sévères de la maladie.
Au quotidien, lorsque la maladie survient, elle doit être stabilisée. C’est ainsi que les malades qui présentent une anémie doivent quotidiennement prendre de l’acide folique, afin de ne pas aggraver ce symptôme. Cependant, lorsque l’anémie est particulièrement profonde, en raison d’un faible taux d’hémoglobine, des transfusions sanguines sont préconisés. La quantité de sang qui sera administrée, ainsi que la durée de l’hospitalisation pour la transfusion, varient en fonction de la gravité de l’anémie et de l’âge du patient.
Hygiène de vie
Lorsque les patients ressentent de fortes douleurs, des antalgiques leur sont prescrits. En cas d’infection, des antibiotiques adaptés à la localisation et aux germes des infections peuvent être pris. D’autres symptômes peuvent également se manifester et recevoir les traitements adaptés, tels que des infections respiratoires à répétition, des convulsions ou de l’insuffisance cardiaque.
L’objectif de cette prise en charge est d’éviter les complications qui peuvent conduire à la mort du patient. Parmi les complications, on peut, entre autres, citer des crises brutales de déglobulisation et des accidents vasculaires thromboemboliques entraînant une hémiplégie ou même un infarctus pulmonaire. Par ailleurs, selon le Docteur Berthe Razafindravohitra « chez une femme drépanocytaire, la maladie peut entraîner un avortement ou une mort intra-utérine de son enfant, tandis que chez l’homme, le patient vit avec à un priapisme en permanence ».
Pour prévenir les infections, une bonne hygiène de vie et une alimentation équilibrée sont recommandées aux patients chez lesquels une anomalie des hémoglobines a été diagnostiquée. Il leur est également conseillé d’éviter les efforts extrêmes, la déshydratation, une immobilisation prolongée, ainsi que les endroits mal aérés où il peut manquer d’oxygène. Afin de faciliter la prévention, la connaissance du statut drépanocytaire est importante, et le dépistage précoce permet ce diagnostic. Lors de la journée mondiale de lutte contre la drépanocytose (Mercredi 19 juin 2019), une vingtaine de personnes se sont faites dépister.
La drépanocytose n’est pas contagieuse, mais est transmise par les deux parents dès lors que ces deux derniers disposent chacun d’une anomalie au niveau de l’hémoglobine. Le dépistage permet notamment de savoir si une personne est porteuse saine. Si elle s’unit avec une personne ayant le même statut qu’elle, les risques de transmission est de un sur quatre. En cas d’union avec un drépanocytaire, le risque augmente à un sur deux. Lorsque ceux-ci sont tous deux des porteurs sains, le risque que leurs enfants développent la maladie est de un sur quatre. Dans le cas d’un mariage de deux drépanocytaires, le risque est de 100%.