Que faire des pièces de collection « prises » à Madagascar par les anciennes puissances occidentales ? La question a été soulevée lors d’un atelier organisé dans le cadre d’une journée de débats sur les villes en chantier à l’Institut Français de Madagascar (IFM).
À priori, la Grande île ne dispose pas des ressources et des moyens pour conserver ces biens s’ils devaient lui être restitués. « Nous n’avons rien qui puisse nous permettre de les protéger », a concédé Francis Razafiarison, directeur général de la Culture au ministère de la Communication et de la culture, le lundi 3 janvier lors des débats sur la valorisation du patrimoine et du développement urbain, à Analakely. Il « faudrait peut-être les laisser là où ils sont pour être sûr qu’ils soient mieux conservés », a-t-il poursuivi.
Pour le DG de la Culture, « Il n’est pas encore possible de rapatrier ces objets pour le moment, on n’est pas encore prêt ». « Nous ne disposons pas de techniciens, ni d’infrastructures correspondantes pour la sauvegarde de ces collections » continue-t-il.
Cette opinion est partagée par Julie Rakotoson, directeur de l’antenne Madagascar de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). « Nous n’avons pas de dispositifs anti-incendie, de sécurité et d’hygiène, ni des techniciens et des spécialistes en la matière », explique la responsable.
Pour assurer une bonne sauvegarde des différentes pièces, elle évoque la nécessité de remplir certaines conditions. Un personnel bien formé, des bâtiments étanches à l’eau, aux insectes et au vent, des salles de réserve, des meubles pour exposer les collections selon leurs types, telles que des armoires vitrées pour garder les petits bijoux, en font partie. Si la formation du personnel des musées est en cours, les autres conditions ne semblent pas encore remplies.
La responsable auprès de l’Unesco insiste surtout sur l’importance des dispositions anti-incendie. « Nous avons déjà été victimes de plusieurs incendies sur nos monuments, nous devons y faire attention », rappelle-t-elle. Or, mettre en place des dispositifs anti-incendie comme dans les musées à l’étranger peut revenir très cher. Raison pour laquelle elle prône également le maintien du statu quo jusqu’à ce que la Grande ile soit prête.
Aujourd’hui, Madagascar dispose de 1 400 collections, dont 20% d’objets royaux, tous conservés au palais du Premier ministre à Andafiavaratra. « Mais nous en avons inventorié pas moins de 7 700 pièces rien qu’en France », glisse Francis Razafiarison, sans préciser lesquelles. Des biens que l’État français est prêt à rendre à Madagascar, mais que la Grande île ne semble donc pas encore en mesure de récupérer et d’exposer dans les normes.