Antananarivo, 30 Mai, 11h25 – Désindustrialisation, ralentissement de la croissance, hausse de la pauvreté. Telles sont les conséquences possibles, à moyen terme, de la conjonction des chocs actuels et de la diminution généralisée de l’aide au développement à Madagascar. C’est ce que met en avant la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport 2025 sur les Perspectives économiques de l’Afrique.
La BAD souligne que les risques liés aux chocs climatiques, aux tensions géopolitiques et commerciales “restent élevés”. La suspension de l’aide américaine et la mise en place d’un droit de douane de 47 % sur les exportations malgaches vers les États-Unis viennent encore fragiliser les perspectives économiques de la Grande île.
Selon la Banque, cette hausse tarifaire pèserait sur les exportations, creusant le déficit extérieur, provoquant une dépréciation de l’Ariary, une inflation accrue et des pertes d’emplois. Elle évoque également une chute importante de l’aide américaine : de 226,7 millions de dollars en 2024. Celle-ci chuterait à 9,2 millions en 2025. Une réduction qui, selon la BAD, “aggraverait la situation sociale, notamment dans les secteurs sociaux”.
Face à ces menaces, l’institution recommande une réponse forte, fondée sur l’accélération des réformes et la diversification des partenariats, jugée “essentielle”. Côté perspectives, la BAD prévoit une croissance du PIB réel de 3,8 % pour 2025, qui pourrait atteindre 4 % en 2026. Cette dynamique serait portée par l’agriculture, les industries extractives, le tourisme et les télécommunications. L’inflation devrait, elle, poursuivre sa baisse : 7 % en 2025 et 6,7 % en 2026.
En revanche, le déficit budgétaire global devrait s’alourdir, atteignant 3,9 % du PIB en 2025, puis 4 % en 2026. La dette publique augmenterait pour s’établir à 52,9 % du PIB en 2025, puis 53,5 % l’année suivante. Enfin, le déficit de la balance courante devrait se creuser, atteignant 6,1 % du PIB en 2025 et 6,4 % en 2026, selon la BAD.