L’entretien des musées et leur valorisation ne constituent pas une priorité à Madagascar. Ces sites ont pourtant une importance capitale dans le développement d’un pays.
Les musées méconnus et mal considérés à Madagascar. La célébration de la Journée internationale des musées le 18 mai dernier a été une nouvelle occasion pour les professionnels du musée de tirer la sonnette d’alarme sur cette situation, mais aussi d’attirer l’attention sur l’importance des musées dans une société.
« Nous avons tendance à penser que les musées ne contiennent que des objets archaïques et dépassés », regrette avance Arthur Raoelison, paléontologue et responsable du musée de Tsimbazaza. Des objets qui ne serviraient à rien, et que l’on a ainsi tendance à négliger, ainsi que le déplore Tsiory Randriamanantena, responsable du musée de la photo à Andohalo. « Les musées manquent de matériels pour leur entretien et pour la valorisation des vestiges et des objets historiques », poursuit-il.
Pourtant, « ce sont ces musées qui font d’un pays un pays », insiste le jeune responsable. « Il s’agit d’une fierté nationale », ajoute-t-il. Des propos appuyés par le professeur Michel Razafiarivony, directeur du musée d’Art et d’archéologie d’Antananarivo. « Un musée offre un contenu à la société, des fruits de recherches, des vestiges et du peu qui nous restent pour marquer le passé », souligne-t-il.
À cela s’ajoute l’insuffisance de personnel capable d’entretenir et de communiquer la valeur des musées aux rares visiteurs des quelques sites existant sur la Grande île. Ainsi que le manque d’éducation des malgaches à cet aspect de la culture. « Nous, les malgaches, ne sommes pas éduqués pour aimer ou pour visiter les musées », regrette Bako Rasoarifetra, enseignante-chercheure spécialisée en archéologie, muséologie, patrimoine, et figure du Conseil international des musées (ICOM). À l’entendre, « le musée d’Ambohimanga est le seul musée qui attire le plus de visiteurs à Madagascar ».
Pour les spécialistes, les musées jouent un rôle important dans la préservation des savoirs afin d’éduquer les générations futures à connaître leur histoire et leur passé. « Les vestiges matériels ou immatériels préservés renvoient la culture, les traditions de la société », rappelle Bako Rasoarifetra.
C’est ainsi que partout dans le monde, chaque pays dispose de musées pour valoriser son histoire et le vécu des générations successives. Dans beaucoup de pays, ces lieux attirent des visiteurs et constituent des sources de revenu considérables. « Un musée bien entretenu peut devenir une source de revenus », insiste encore la membre de l’ICOM.
« La participation de l’État dans la valorisation des musées de la Grande Île est primordiale pour les faire fonctionner correctement », recommande alors le directeur du musée d’Art et d’archéologie. Car « grâce aux musées, il est possible de faire avancer le pays », conclut-il.