La Grande île reste en bas de la liste en matière de perception de corruption en occupant la place de 152ème sur 180 pays selon le classement établi par Transparency international pour 2018.
Peut mieux faire. Madagascar reste mauvais élève si l’on tient compte du classement mondial établi par l’Organisation non-gouvernementale (ONG) Transparency international. «Être au 152ème rang sur 180 pays, avec un score de 25/100 points est encore loin de l’objectif de 50/100 au niveau mondial», déplore Frédéric Lesne, conseiller en développement au sein du Transparency International-Initiative Madagascar (TI-IM), au cours de la présentation des résultats de l’enquête pour l’année 2018, à Soarano mardi.
Il s’agit d’une enquête réalisée par l’ONG dans plusieurs pays afin d’établir la perception de corruption dans le monde. Le Danemark se trouve en première place des pays où la perception de la corruption est la plus basse avec un score de 88/100 alors que la Somalie ferme la marche avec un score de 10/100.
Un petit lot de consolation accompagne la présentation de Madagascar. « L’année 2018 a été marquée par une maigre avancée » rappelle Alex Rafamantanantsoa, président du conseil d’Administration de la TI-IM. L’avis a été partagé avec Frédéric Lesne. « Par rapport à l’année 2017, Madagascar est passé de 155ème rang à 152ème. Mais nous sommes largement en deçà de l’objectif », reprend-il. Le meilleur score pour Madagascar a été réalisé en 2012, avec 32 points et une 118ème place.
Globalement, le résultat de la perception de la corruption à Madagascar pour l’année dernière est loin d’être satisfaisant. La moyenne mondiale est de 45/100, alors que l’objectif de score fixé est 50/100. Pourtant, Madagascar n’obtient que la moitié de ce score.
Plusieurs éléments sont avancés pour expliquer cette mauvaise performance. « Le manque d’initiative en est l’une des sources », croit savoir Alex Rafamanantanantsoa. La défaillance au niveau du cadre juridique constitue également l’un des obstacles à l’amélioration des mauvais résultats. « De 2015 à 2017, les cadres juridiques ont été élaborés pour lutter contre la corruption, mais aucun décret d’application n’a été adopté » déplore Jean-Louis Andriamifidy, directeur général du Bureau Indépendant Anti-corruption (BIANCO).
Pour Hery Ramiarison, professeur en économie, c’est l’appareil de l’État qui est complètement corrompu. « Il nous faut des reformes » souligne-t-il. La plupart des dossiers traités auprès du Pôle Anti-corruption (PAC) concernent des détournements de deniers publics. Le niveau de la corruption est tel que cela affecte le climat des affaires à Madagascar.
Malgré ce mauvais résultats, Jean-Louis Andriamifidy garde pourtant espoir. « On peut encore améliorer ce score de 25 points. On est dans le bon chemin si on arrive à respecter les délais prévus », avance-t-il. L’adoption des textes, prévus en 2017, avait traîné au niveau de l’Exécutif, puis au niveau du Parlement au risque de valoir l’entrée de la Grande île dans le classement d’une « zone grise » au niveau international. Les autorités traînent les pieds pour voter le projet de loi sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ou encore celui sur le recouvrement et l’affectation d’avoirs illicites.
Pour 2019, la mise en place des structures prévues par les textes est attendue. « La mise sur pied de la cellule anti-corruption est en attente d’un décret d’application. Elle est nécessaire pour combattre efficacement la corruption», soutient Jean-Louis Andriamifidy. Le nouveau gouvernement promet de lutter contre la corruption. Le président Andry Rajoelina s’est engagé à ériger la lutte contre ce fléau « une priorité » dans son discours d’investiture le 19 janvier. « Parmi les engagements de bonne conduite signé par les ministres nouvellement nommés figure la lutte contre la corruption » » rassure Ruphin, représentant délégué du Premier ministre Christian Ntsay. « La volonté est là, les attentes sont immenses » garantit-il.