«Au restaurant, sans même me demander ce que je veux boire, on m’apporte tout de suite de la bière», s’amusait Jacques Chirac. Également ancien Maire de Paris pendant dix-huit ans, l’ancien président français (1995-2007) est décédé à 87 ans.
Président de la France, Jacques Chirac n’y aura pas changé la face du monde, ne pouvant empêcher George W. Bush de guerroyer en Irak et de plonger tout le Moyen-Orient dans une anarchie dont allaient profiter, beaucoup plus tard, les fanatiques de l’État islamique. Mais, sa posture du Non ne fut pas sans panache, portée au Conseil de Sécurité de l’ONU par la verve flamboyante de son ministre des Affaires étrangères. C’était le 14 février 2003 : «n’oublions pas qu’après avoir gagné la guerre, il faut construire la paix (…) Personne ne peut affirmer que le chemin de la guerre pourrait déboucher sur un monde plus sûr, plus juste et plus stable (…) Une telle intervention pourrait avoir des conséquences incalculables pour la stabilité de cette région meurtrie et fragile. Elle renforcerait le sentiment d’injustice, aggraverait les tensions et risquerait d’ouvrir la voie à d’autres conflits (…) Dans ce temple des Nations Unies, nous sommes les gardiens d’un idéal, nous sommes les gardiens d’une conscience. Et c’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme le mien, qui vous le dit aujourd’hui».
Jacques Chirac était un Français typique, disent ceux qui l’ont vu faire en quarante ans de vie politique. Il s’affichait chope de bière à la main, clamait son goût pour la bonne bouffe «bien roborative» d’un salon de l’agriculture ou du restaurant strasbourgeois «Chez Yvonne» où il avait invité les chanceliers allemands Helmut Kohl et Gerhard Schröder ou le président russe Boris Eltsine, ne dédaignait pas se retrouver en galante compagnie, parlait l’anglais avec un accent français à couper au couteau dans une ruelle de Jérusalem, et partageait le chauvinisme cocardier de la France championne du monde 1998.
En 1900, aux «secondes» funérailles du Premier Ministre Rainilaiarivony, le général Gallieni avait dit à l’assistance : «Malgaches, à maints égards, Rainilaiarivony était digne d’avoir été votre chef». Par l’hommage spontané qu’ils lui rendent, les Français estiment sans doute que Jacques Chirac fut digne d’avoir été leur chef.