Manu Dibango, le saxophoniste du «Soul Makossa» (1933 – 24 mars 2020), Albert Uderzo, le dessinateur d’Astérix (1927 – 24 mars 2020) et Michel Hidalgo (1933 – 26 mars 2020).
Michel Hidalgo avait été entraîneur de l’équipe de France de football de 1976 à 1984. Avec un Michel Platini au sommet de son art (meilleur buteur avec neuf buts en cinq matchs : performance toujours inégalée sur une seule édition, 36 ans plus tard), la France remporta l’Euro 1984. Michel Hidalgo termina sur cette belle note surtout après la cruelle soirée de Séville, en demi-finale de la Coupe du Monde 1982, perdue aux tirs aux buts après avoir mené par deux buts d’avance dans les prolongations, face à l’Allemagne.
Dibango 87 ans, Uderzo 93 ans et Hidalgo 87 ans : malheureusement, les statistiques depuis le début de l’épidémie de coronavirus montrent une vulnérabilité plus grande chez les personnes de grand âge. Même si, parmi les trois, seul Manu Dibango sera mort du Covid-19.
Que la mort de ces trois figures coïncide avec l’hécatombe du coronavirus me sert de prétexte à toucher mot de la place, et du sort, des vieux dans la société occidentale. En 2002, la France a inventé l’acronyme EHPAD : ces «établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes» font parler d’eux pour le «drame à huis clos» qui a vu 56 vieillards mourir dans la seule journée du 25 mars 2020 : 16 en Haute-Marne, 7 en Haute-Savoie, 20 dans les Vosges, 13 à Paris. Deux jours auparavant, le gouvernement espagnol révélait la découverte de cadavres dans des maisons de retraite abandonnées. À propos de l’Italie, dont la population serait la plus âgée au monde après celle du Japon, on semblait lui reprocher que les grands-parents aillent chercher leurs petits-enfants à l’école ou qu’ils fassent les courses pour leurs enfants de 30 à 40 ans.
Les vieux devraient donc croupir en hospice, et pas se retrouver à vivre en société. Il y a là, un modèle de société que le coronavirus pourrait bien remettre en question. Dans le bon sens.