Ils étaient 176 morts. Ce fut longtemps la seule certitude. Leur avion s’était crashé à son décollage de l’aéroport de Téhéran, quelques heures après la frappe de missiles sur des bases américaines et que l’Iran redoutait une riposte des États-Unis.
L’Ukraine avait tout de suite expliqué que l’avion d’UIA avait subi un contrôle technique deux jours avant le drame. Le Premier Ministre canadien Justin Trudeau a rapidement annoncé que l’avion avait été abattu par un missile iranien, «par erreur». Le Président américain Donald Trump y alla de son grain de sel : «J’ai un doute. L’impression que quelque chose de terrible s’est produit».
Actori incumbit probatio : l’Iran se sera longtemps réfugié derrière cet adage juridique. Que le Canada, la Grande-Bretagne et les États-Unis, une association qui a de furieux airs d’Axe du Mal hostile aux «Gardiens de la Révolution», avancent les preuves de ce dont ils accusent l’Iran : avoir abattu le Boeing 737-800 et tué les 176 passagers et membres d’équipage.
Ils étaient 176 morts. Ni compassion, ni deuil. Avant le deuil des familles, les susceptibilités d’État. L’Irak a mis douze heures avant de condamner la violation de sa souveraineté par l’Iran alors que son Parlement fut prompt à réclamer le départ des troupes américaines après le raid aérien qui a tué le général iranien : Que faisaient des drones américains à Bagdad ? Que faisait un général iranien à Bagdad ? L’Irak est de facto sous occupations étrangères, avec plusieurs zones d’influence, depuis la chute de Saddam Hussein.
Et finalement, l’Iran a reconnu «l’erreur humaine» et la «faute impardonnable». Tout le monde a déjà oublié l’Ukraine et son Boeing. On imagine la joie malsaine de Donald Trump. On suppose l’humiliation du Président iranien Hassan Rohani devant avouer une «grande tragédie» et une «erreur impardonnable». De son côté, le Ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif admet «une erreur humaine dans une période de crise causée par l’aventurisme des États-Unis a mené au désastre».
Qui étaient-ils à bord de ce vol PS 752 d’Ukraine International Airlines ? Au départ, on avait annoncé des Canadiens et des Iraniens. Maintenant, on apprend la présence d’Afghans, de Britanniques, de Suédois, d’Ukrainiens.
Elle aura coûté finalement très cher la mémoire de ce général Qassem Soleimani : 32 morts déjà dans une bousculade à ses funérailles, 176 victimes à bord d’un Boeing 737 «pris pour un avion hostile».
«Profonds regrets, excuses et condoléances» : les familles de victimes et les nations affectées devront s’en contenter. On ne va pas déclencher une Troisième Guerre mondiale pour venger des victimes innocentes.