Le foot est une histoire d’hommes. La victoire de Jurgen Klopp avec Liverpool en Ligue des Champions relève de bien plus qu’une anecdote footballistique.
C’est que l’homme, avant cette consécration, avait hérité du surnom moqueur de «loser magnifique». Finaliste malheureux de la même Ligue des Champions en 2013 et 2018, finaliste malheureux de la Ligue Europa en 2016, deuxième de Premier League avec le meilleur bilan qu’un second du championnat anglais ait jamais réalisé en 2019. En tout, l’entraîneur allemand avait perdu six finales de rang : finales de la Coupe d’Allemagne 2014 et 2015, finale de la League Cup d’Angleterre en 2016.
La finale contre Tottenham a été d’une insipidité sans nom, mais l’essentiel était ailleurs. Personne n’avait relevé que le Liverpool de la finale était loin en deçà de la merveilleuse équipe qui avait remonté trois buts au Barcelone de Lionel Messi avant de finalement se qualifier pour cette finale. Un sixième sacre européen pour Liverpool paraissait même secondaire tant le monde entier scrutait Klopp qui jouait sa réputation sur un match après n’en avoir perdu qu’un seul sur les 38 du championnat anglais. Cruel, le football de haut niveau.
Cette tension humaine m’avait rappelé une autre finale, un autre sportif, un tennisman cette fois. C’était en 1999, un six juin. André Agassi disputait sa troisième finale à Roland-Garros et se savait attendu après avoir perdu ses deux précédentes finales (1990, 1991) Porte d’Auteuil. Cette année-là, André Agassi devenait le premier joueur à avoir remporté les quatre tournois du Grand Chelem et reste à ce jour le seul joueur à avoir gagné, outre les quatre levées du Grand Chelem, les Jeux Olympiques, le Masters et la Coupe Davis. Est-ce la persévérance dans l’adversité, ou les cheveux ébouriffés et les shorts flashy d’Agassi, mais il y a quelque chose de familier avec ce Klopp à la barbe hirsute et à l’éternel survêtement quand ses collègues soignent leur apparence.