1869-2019 : il y a 150 ans, le 28 février 1869, le pasteur Andriambelo baptisait au palais de Mahatsara-Manampisoa la Reine Ranavalona II et le Premier Ministre Rainilaiarivony. Cette étape supplémentaire n’était plus une surprise puisqu’à son couronnement, le 3 septembre 1868, Ranavalona II était apparue sur la Place d’Andohalo, la Bible à ses côtés, écartant définitivement les palladiums de ses prédécesseurs. Cette conversion de la Reine fut aussitôt imitée dans chaque village de l’Imerina, donnant actuellement lieu à la succession des «jubilés-150».
Ces jubilés suscitent cependant des inquiétudes architecturales. En effet, bien trop souvent, les fidèles, de bonne foi mais en excès de zèle, font subir à ces monuments, de facto historiques, d’affreuses improvisations architecturales surtout dictées par de vulgaires préoccupations logistiques : ils oublient que les murs ne sont pas extensibles à l’infini, par contre, les services pourraient être multipliés tout au long de la journée.
Ces édifices sont le musée vivant d’un savoir-faire aujourd’hui oublié : comment les apprentis et compagnons formés par le Missionnaire-Artisan James Cameron (1800-1875) avaient taillé la pierre, façonné la brique, édifié les charpentes. Ces édifices, mais pas leur avatar kitsch, sont également des témoins de l’histoire : ainsi, la Reine Ranavalona II et le Premier Ministre Rainilaiarivony avaient personnellement assisté au culte inaugural à Ambohipotsy (17 novembre 1868) et Amparibe (6 octobre 1870).
Si on ne peut plus que regretter amèrement les mutilations et excroissances faites à de nombreux temples centenaires (Mahamasina, Isotry-Fitiavana, Analamahitsy, etc.), l’État doit sanctuariser des édifices symboliques comme les «Memorial Churches» (Ambatonakanga, Ambohipotsy, Ampamarinana, Faravohitra), heureusement encore intacts, et soustraire les édifices cultuels centenaires au zèle de Croyants, sans sensibilité historique ni conscience patrimoniale.