Antananarivo, 6 Juin, 11h00 – Un mal nécessaire. L’augmentation des prix à la pompe est une décision difficile mais doit être entreprise à l’heure où le prix du baril a augmenté de 60% depuis la dernière fixation de prix en 2019. Les prix n’ont certes pas bougé mais ont été « largement subventionnés » par l’Etat, explique l’économiste principal de la Banque mondiale, Marc Stocker, auteur de la Note sur les perspectives économiques de Madagascar. « Des prix subventionnés ont des effets socialement régressifs puisque ces subventions profitent principalement au quintile supérieure de la population », a-t-il exposé.
Le non ajustement des prix n’a fait que creuser l’écart entre les prix de référence calculés et ceux appliqués à la pompe et a conduit à l’augmentation des arriérés du gouvernement envers les pétroliers. Des compensations ont été accordées à ces opérateurs, entre autres sur le paiement de la taxe sur le carburant. Mais le rééquilibrage entre les arriérés de paiement du gouvernement et la contribution de ces pétroliers au Fonds routier a réduit la capacité de l’Etat à entretenir les routes.
L’ajustement doit donc être entrepris mais cette décision doit être accompagné de mesures visant à atténuer ses impacts sur les plus vulnérables, indique la Banque mondiale. Des réformes en vue de rendre les transports publics plus abordables, de réduire les coûts de stockage et de transport de carburant et de favoriser une plus grande concurrence sur le marché sont indispensables, avance Marc Stocker dans la Note sur les perspectives économiques de Madagascar. Il ajoute que l’ajustement des prix est graduellement nécessaire et doit être accompagné de réformes de fonds du secteur pétrolier.
L’Etat a déjà annoncé une hausse des prix du carburant, et vendredi, dans son intervention à l’occasion de l’inauguration de la société Mabel, le président de la République a encore rappelé que cela va se faire. L’Etat ne parvient toutefois pas jusqu’à ce jour à se décider sur le taux de la hausse à appliquer, le moment de son application et les mesures d’accompagnement. Sa décision est attendu, notamment par le Fonds monétaire international (FMI) qui vient d’envoyer des missionnaires pour la deuxième revue du programme sur la Facilité élargie de crédit (FEC).
Dans le cadre de son accord avec le FMI, l’Etat malgache s’est engagé à maintenir le passif du gouvernement envers les distributeurs de pétrole en dessous de 100 milliards d’ariary sans compensation budgétaire directe. Certaines sources au courant du dossier confient cependant que ce plafond est largement dépassé. Il y a également l’engagement des autorités malgaches à établir une nouvelle structure de prix des carburants et un mécanisme d’ajustement automatique des prix ainsi que la formulation de politiques pour atténuer l’impact de l’ajustement du prix du carburant sur les populations vulnérables.














