Journée symbolique pour commémorer les luttes menées en faveur des droits des femmes depuis plus d’un siècle, et pour poursuivre les combats qui ont été menés depuis, le 8 mars, pour beaucoup, n’est pourtant qu’un jour férié comme un autre.
Le 8 mars est-elle une journée pour les femmes ou une journée pour la promotion des droits des femmes ? La journée est, dans tous les cas, fériée, chômée et payée pour les femmes à Madagascar. Une journée de congé qui est souvent la bienvenue pour certaines. L’occasion de rester chez soi, avec sa famille, « surtout que les enfants ne vont pas non plus à l’école parce que les enseignantes ont pris leur journée », glisse une mère de famille.
D’autres vont profiter de cette journée pour s’occuper de leur corps, de leur visage, ou pour faire du shopping. Les offres et les promotions sont d’ailleurs légion dans ces domaines. Celles qui ne peuvent pas abandonner leur gagne-pain ne peuvent que se résigner de devoir rester dans le train-train quotidien. À l’instar de cette marchande de légumes qui sait que le 8 mars est une « journée consacrée aux femmes », mais qui, pour ne pas rater des bénéfices, affirme devoir continuer à tenir son commerce.
Sur le plan officiel, la journée est souvent faite de manifestations festives, de défilés et de carnavals. Des femmes ont parfois l’occasion de présenter, dans le cadre d’expositions, les produits qu’elles fabriquent dans leur atelier. Les autorités prononcent des discours dans lesquels il peut être question de droits des femmes, d’égalité hommes-femmes ou d’autonomisation des femmes. Des conférences et des débats sont parfois aussi organisés pour évoquer certains sujets liés à ces thèmes.
Discrimination
Malgré certaines avancées en matière de droits des femmes, celles-ci continuent à faire l’objet de discrimination dans de nombreux domaines, pour ne parler que du domaine du travail où les hommes sont toujours mieux payés même si les compétences et les charges sont égales. Sans parler des harcèlements sexuels ou des violences dont elles sont parfois victimes au quotidien. Des associations existent pour soutenir les femmes victimes, mais la culture malgache est telle que beaucoup de femmes croient devoir rester discrètes face aux hommes.
« Notre culture veut que les hommes passent toujours avant les femmes », explique un ‘Mpikabary’. « C’est pourquoi, nous disons Tompokolahy sy Tompokovavy », poursuit-il. Pour d’autres traditionnalistes, « une femme doit obéir à son époux » et « un mari doit subvenir aux besoins du foyer ». L’enquête Afrobaromètre 2018 indique même que 57% des personnes interrogées estiment que les hommes doivent être privilégiés en matière d’accès à l’emploi.
Des avancées sont néanmoins palpables. L’un des plus importants progrès enregistrés ces dernières années à Madagascar concerne le droit de la femme à transmettre automatiquement sa nationalité malgache à son enfant. Pendant plusieurs années, si une femme était mariée à un étranger, son enfant ne pouvait avoir accès à la nationalité malgache que si une procédure de demande était engagée. Une situation encourageante mais qui reste insuffisante.