Le phénomène commence à prendre de l’ampleur et devient inquiétant. Des vagues de migrants entrent dans des aires protégées, entre autres, pour y pratiquer des cultures, comme celles du maïs ou des arachides, provoquant des dégâts à l’intérieur des sites.
La situation qui prévaut à l’intérieur de l’aire protégée de Menabe Antimena, est préoccupante. « Des migrants venant du Sud de Madagascar occupent depuis quelques années les lieux, en cultivant du maïs et des arachides » a indiqué Tiana Andriamanana, directeur exécutif de l’association Fanamby, une association impliquée dans la gestion des nouvelles aires protégées, mardi à Anosy. « Chaque année, leur nombre augmente, et ils (migrants) pénètrent petit à petit dans le noyau de la forêt » a-t-elle poursuivi.
La croissance de la demande de maïs, incite les paysans à augmenter leurs champs de culture dans la zone protégée. Les migrants pratiquent le « tavy » pour la culture (sur brûlis). « En 2017, 342 feux ont été détectés, pour passer à 412 en 2018 », déplore Tiana Andriamanana. L’année dernière, le noyau dur du site a perdu environ, 738,5 hectares. Le problème autour de la migration et de la culture à l’intérieur des aires protégées, prend une autre tournure liée, aux divers intermédiaires possibles, aux collecteurs, aux entreprises, qui procèdent à l’achat du maïs, devenu une denrée recherchée sur le marché. Tiana Andriamanana concède que son association est « débordée » face au développement de la situation.
Des mesures ont été prises, mais elles ne peuvent résoudre d’une manière définitive le problème. « Il y a eu un recours à la répression. Les autorités avaient envoyé les forces de l’ordre pour chasser les paysans », affirme le directeur exécutif de l’association Fanamby, mais les personnes concernées reviennent plus tard dans la zone défrichée. C’est pourquoi Tiana Andriamanana prône une solution globale, en amont de la problématique, « pour résoudre une situation sociale déplorable » des candidats à la migration, afin de dissuader ces derniers de quitter leur lieu de résidence initial.
La situation n’est pas propre à l’aire protégée de Menabe Antimena. Le Parc national d’Ankarafantsika, dans la région de Boeny, subit également le même sort. Des migrants, venus du Sud du pays, bordent les frontières du parc et cultivent le maïs à l’intérieur même du site. Rien que cette année, 67 Ha de terres ont été défrichés pour la culture de maïs, sans qu’il y ait une solution durable pour y remédier, provoquant une vraie problématique pour Madagascar national parks (MNP), l’organisme mandaté par l’État pour gérer les parcs et réserves du pays.
Source photo : WWF Madagascar