Comme à chaque mois de février depuis cinq ans, Naomi Razaka, fidèle de la communauté Fiangonan’i Kristy ho Fanavaozana ne mange pas le weekend. Pour cette jeune femme de 25 ans, ce jeûne est « l’occasion de communiquer puis de renouveler mon alliance avec Dieu ».
À part de l’eau, elle n’avale donc rien pendant presque 48 heures, à partir de 20 heures le vendredi jusqu’à 18 heures le dimanche. « C’est le moyen le plus rapide de recevoir des réponses aux prières », affirme-t-elle avec conviction.
Comme elle, Onja Andraina, comptable de 27 ans et Ny Felana Rasoarimalala, une jeune activiste de 25 ans, se privent aussi de nourriture pour rencontrer Dieu et pour le prier, afin qu’il les aide à trouver des solutions à leurs problèmes. « Je prie sur un sujet précis, le plus important de ma vie auquel je dois trouver une solution », confie Onja Andraina. « Des réponses positives » aux prières qu’elle fait, c’est aussi ce qu’attend Ny Felana Rasoarimalala quand du vendredi soir au samedi soir au coucher du soleil, elle reste à l’Église sans rien manger.
Ne pas manger a évidemment des impacts sur la productivité et la concentration au travail. C’est la raison pour laquelle nos pratiquantes témoins choisissent de ne jeûner qu’en weekend. Pour Onja Andraina, elle arrête carrément de travailler et part en congé en période de jeûne. « C’est une période qui ne se rate pas », souligne-t-elle. Pour les hommes d’Église, le jeûne permet une meilleure concentration et renforce l’alliance avec le Seigneur. “Jeûner c’est se mettre à la disposition du Seigneur”, confirme Zo Nantenaina Andriamampianina, l’un d’entre eux. « C’est oublier ou même laisser tout ce qui est matériel, renoncer l’être et se dédier totalement à Dieu », poursuit-il, ajoutant que “ce n’est ni une obligation ni une grève de faim.” “Le jeûne est basé sur la foi. Accepter ce qu’on ne peut apercevoir”, confie de son côté le pasteur Samuel Rajaonarivony.
Les confessions “traditionnelles” ont aussi leur période de jeûne. Chez les Catholiques, le Carême qui rappelle les 40 jours de jeûne effectués par le Christ dans le désert, n’implique plus aujourd’hui le jeûne au sens propre du terme. Aujourd’hui, il s’agit plutôt de se priver des choses aimées et de consacrer du temps pour se retrouver et retrouver l’essentiel. Coté nourriture, les jours de carême sont pratiquement comme les jours ordinaires, sauf le mercredi et surtout le vendredi où « nous ne mangeons pas de viande », comme l’explique une fervente pratiquante, Aina Rakotomamonjy. Le fait de se priver de la viande en ces jours représente un sacrifice, “c’est la seule chose qu’on nous demande”, continue t-elle. Se déroulant pendant 40 jours avant Pâques, le Carême a lieu du mercredi 6 mars au jeudi 18 avril cette année.
Pour les Musulmans, le jeûne se tient pendant le mois saint du Ramadan. Constituant l’un des cinq piliers de l’Islam, cette période est un moment de prière et de partage. Pendant un mois, les fidèles qui ont l’âge requis ne mangent, ne boivent, ne fument et n’entretiennent aucun rapport sexuel de l’aube au coucher du soleil. Pour Mohamed Mbaé Mahamoudou, Musulman, “le Ramadan, c’est d’abord se soumettre à la vocation d’Allah pour se rapprocher de Lui”. Mais “c’est aussi une question socio-religieuse et hygiénique”, poursuit-il. Puisque, si le cerveau a besoin de repos, les yeux ainsi que l’estomac et le reste du corps méritent de bénéficier également d’un repos. “Le Ramadan n’est pas seulement s’abstenir de manger et de boire. C’est aussi s’abstenir de tout ce qui nourrit le plaisir corporel, auditif et visuel ”, explique-t-il. Le Ramadan qui dure 30 jours démarrera aux alentours du 5 mai et se terminera aux environs du 4 juin cette année.