En décembre 2001, c’était déjà le problème. Novembre 2019, c’est encore le problème. En 2050, les élections poseront le même problème tant que les divers financements ne seront pas dédiés au tout-informatique, au tout-numérique, au tout-biométrique. Au tout 3.0 du Troisième Millénaire.
Écrit, redit, répété, ici et ailleurs, tant et tant de fois, à propos de l’organisation des élections : une liste électorale indigne du 21ème siècle, avec des oubliés et des doublons. De vrais électeurs devenus fantômes. De bel et bien morts, ressuscités. Chaque fois, et à tour de rôle, mais uniquement quand ils se retrouvent dans l’opposition, les acteurs politiques hurlent au scandale tout en oubliant consciencieusement de remédier aux anomalies une fois au pouvoir : le recensement général de la population, la tenue de l’état-civil et l’établissement de la liste électorale à informatiser. La carte électorale et la carte d’identité nationale à biométriser. Le vote à électroniser avec proclamation immédiate des résultats dès la fin du scrutin.
Il y a vingt ans, quand le numérique et le biométrique pouvaient encore relever de la science-fiction, le Ministère de l’Intérieur, au sein de sa célèbre «Coupole», avait déjà réussi à publier les résultats complets des municipaux tananariviens la nuit même du scrutin. Vingt ans plus tard, qu’on suppose d’avancée technologique plutôt que recul vers la préhistoire des élections, c’est une aberration que les résultats du millier de bureaux de vote de la Capitale ne soient pas, immédiatement et intégralement, disponibles.
Ce délai, incompréhensible, devient dangereux quand il laisse place aux rumeurs et ouvre la voie aux suspicions. Des résultats partiels abondamment relayés peuvent induire en erreur l’opinion publique. La passion, soigneusement exacerbée, autour desdits résultats partiels peut dégénérer.
Parmi toutes les anomalies, il y a l’anomalie en chef : la CENI (commission électorale) elle-même qui, en plusieurs scrutins successifs depuis sa création en 2012, n’a jamais donné satisfaction. La CENI, c’est du copier-coller qui voit tous les pays francophones se doter de la même institution. Paresse intellectuelle ou conditionnalités des bailleurs de fonds ? Comme on nous avait imposé le phénomène PAS (programme d’ajustement structurel), il y eut la série «conférence nationale», la nouvelle série «commission de réconciliation», et maintenant la série CENI. Autant d’acronymes ou de fausses institutions budgétivores et sans réelle utilité.
La souveraineté nationale, ce sont des institutions d’invention locale sans copier-coller d’importation. La souveraineté nationale, ce sont des élections que ne financent pas les dons étrangers. La souveraineté nationale, ce sont des élections que ne supervisent pas des observateurs internationaux, lesquels d’ailleurs n’ont jamais trouvé à redire à des «élections globalement libres, justes et transparentes». La souveraineté nationale, c’est une bête cohérence à trouver.