Il était différent ce jeudi 26 d’après Noël. Jour du marché hebdomadaire de Mahamasina, mais une légèreté imperceptible dans la circulation du côté de l’église Saint-Joseph et de Sainte-Famille.
Une fluidité dont on avait presque oublié qu’elle put exister entre 6 heures et 7 heures du matin. C’est tellement bon cette ambiance sans la pétarade des scooters, sans les klaxons énervés contre les taxibe, sans le boucan des boutiques qui pensent attirer le chaland à force de haut-parleurs, véritables répulsifs à mes oreilles sensibles.
Cette image d’Antananarivo avait pu être sa réalité. Un 26 décembre, entre 6 et 7 heures du matin. Une maigre foule loin des caricatures d’une mégapole obèse d’un double exode rural et provincial, une ville-pays étouffée et étouffante.
Cette image d’Antananarivo avait pu être sa réalité. Un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. À ce carrefour de Soarano, aujourd’hui tellement encombré de voitures coincées dans les embouteillages et de marchandises qui envahissent tous les trottoirs, il existait un paisible square où mon grand-père paternel rejoignait d’autres seniors jouer au Fanorona. On a biffé ce havre de paix pour le remplacer par cet hideux immeuble de la Mairie du Premier arrondissement.
À Mahamasina, les vendeurs achèvent de monter lits et meubles. Un stand s’époumone à vanter ses babioles importées d’Égypte. Un bouchon s’installe doucement. Ici, il y a quarante ans, noces d’or de mes grands-parents maternels, l’église de «chez» le Père Razafindrasendra affichait sa belle façade originelle de 1864, pas encore abâtardie par ces guérites commerciales ni ces agrandissements qu’un permis d’esthétique aurait dû interdire. Cette image d’Antananarivo avait pu être sa réalité.