«La Tchéquie coud des masques» : un groupe Facebook qui a attiré 33.000 personnes en quelques heures. «Coudre des masques, une activité virale en Europe». Et pour cause : la Chine, épicentre de la pandémie de coronavirus, assure 70% de la production mondiale de masques or, les usines chinoises tournent au ralenti depuis le confinement. Le 3 mars 2020, l’Allemagne interdisait l’exportation des masques fabriqués sur son territoire. L’Union Européenne a suivi en interdisant le 15 mars l’exportation hors de l’Europe où la production se concentre dans quatre pays : Allemagne, France, Pologne et République tchèque.
L’industrie textile, à l’arrêt, se réconvertit dans la fabrication de masques respiratoires. Des hôpitaux se mettent à confectionner leurs propres masques. On a vu des infirmières manifester contre la pénurie de masques arborer des soutien-gorges recyclés en masque respiratoire. À Madagascar, Rova Caviar Madagascar et Akanjo annoncent la fabrication locale de masques de protection «confectionnées à partir de chutes de tissus, réalisés en trois épaisseurs de polyester, lavables et réutilisables». Pas homologués, mais utiles malgré tout.
Avec la présence d’un filtre (molleton ou tissu polaire fin) entre deux couches de tissu coton, ces «masques de fortune» offrent déjà un confort psychologique. De plus, réalisés en coton, ils sont réutilisables après lavage à l’eau chaude, séchage au soleil et repassage classique : le Covid-19 ne résiste pas à 56°C.
«Pas homologués, mais utiles malgré tout» : «les résultats ne permettent pas une certification ou homologation selon les normes EN 149, EN 14683, ni selon toute autre norme ou règlement». En France, les prototypes et échantillons sont adressés au centre DGA (direction générale de l’armement) maîtrise NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique) pour en évaluer l’efficacité en filtration aux particules (protection aux aérosols) et en perméabilité à l’air (performances compatibles pour un usage de type chirurgical). Après pareil test, les «Tricots Saint-James» (depuis 1889) annoncent sur Facebook la livraison de masques FFP2 pour deux centres hospitaliers.
Les masques estampillés FFP (Filtering Facepiece Particals) ou pièce faciale filtrante contre les particules, à usage unique ou réutilisables, protègent à la fois contre la transmission par voie aérienne ou goutelettes (FFP1 laisse passer 22%, FFP2 : 8%, FFP3 : 2%) et contre l’inhalation du virus (FFP1 80%, FFP2 94%, FFP3 99%).
Depuis juillet 2009, la norme européenne est un code esotérique : EN 149:2001+A1:2009. La recommandation 2020/403 du 13 mars 2020 permet à l’Europe d’accepter pour la durée de la crise sanitaire les normes alternatives émises par l’Australie (AS/NZS), le Brésil (ABNT/NBR), la Corée du Sud (KMOEL) la Chine GB 2626-2006), le Japon (JMHLW), le Mexique (NOM) et les États-Unis (42CFR84).