Forte abstention de 70% aux élections législatives malgaches. Sanction légitime d’une campagne électorale à l’image des agissements des députés depuis maintenant plusieurs législatures : au mieux, folkloriques ; au pire, minables.
Les élections malgaches, comme la population et les candidats en ont pris la mauvaise habitude, tenaient plus de la kermesse en guise de campagne sans que personne ait idée d’un embryon d’idée. L’actuelle législature sortante est la pire depuis soixante ans, nous dit-on, mais comment espérer mieux d’une nouvelle assemblée élue dans ce contexte de claire désaffection, et comment attendre quoi que ce soit de candidats qui ont surtout fait le cirque pendant trois semaines, comment enfin escompter une quelconque remise en cause d’anciens députés surtout connus pour se vendre au plus offrant.
Les trois fonctions qui justifieraient encore l’existence d’une assemblée nationale, la fonction de représentation, la fonction législative et la fonction de contrôle, peuvent clairement être assurées par d’autres relais avec la population : les Maires vivent auprès des administrés surtout dans les zones rurales et les petites localités ; le domaine réglementaire prend chaque jour davantage le pas sur le domaine de la loi dans un État moderne avec son administration complexe : en témoigne le nombre toujours plus grand de projets de lois issus des officines gouvernementales par rapport aux propositions de loi par le Parlement dont les équipes n’ont souvent aucune technicité ; et quant à la fonction de contrôle du Gouvernement, pourquoi ne pas faire confiance à l’ENAM (école nationale d’administration), qui forme les hauts fonctionnaires dont une élite rejoindra l’Inspection Générale de l’État (IGE) ; ou l’École Nationale de la Magistrature qui forme les magistrats qui se destinent à la Cour des Comptes.
Ces techniciens du «Pouvoir de Contrôle» nous garantiraient au moins un acquis : leur technicité justement. Ils auront fait l’Université, passé le concours de deux écoles spécialisées, appris le Droit, les Finances, l’Administration. Reste à les équiper d’une denrée devenue rare : l’incorruptibilité. Un mandat à la durée confortable, irrévocable mais non renouvelable, assorti d’une rémunération «hors échelle», devraient les mettre à l’abri et du besoin et de la tentation, sinon des lobbys.
Assurer le lien avec l’opinion via une assemblée générale des Maires et la liberté totale de la presse et des pamphlets, légiférer par décrets-lois, contrôler par l’IGE ou la Cour des Comptes : supprimer donc l’Assemblée nationale budgétivore et ses députés cupides. Un nouveau système à imaginer, à inventer, à inculturer, au-delà de nos petites habitudes constitutionnelles.