Madagascar est encore loin du compte. Le marché local du lait, et de ses produits dérivés, n’arrive pas à satisfaire les besoins nationaux. Or, la consommation individuelle annuelle est bien en dessous des normes préconisées en terme d’alimentation.
« Les Malgaches consomment 13 kilos de lait et de produits laitiers par personne, par an. Or, ailleurs, cette consommation va jusqu’à 90 kilos par personne », confie Bruno Raoelina, directeur de l’appui et de la valorisation des produits d’élevage au ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche.
La marge de progression reste encore ainsi énorme pour permettre aux acteurs du secteur de développer ce marché. Et pourtant, les producteurs locaux n’arrivent pas à exploiter cette manne économique. « Le pays importe chaque année l’équivalent de 195 millions de litres de lait pour assurer les besoins de sa population », a affirmé Fanomezantsoa Lucien Ranarivelo, ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, lors de la Foire du lait, au Palais des sports et de la culture le 7 Juin.
Or, « le marché du lait est très vaste, » affirme Josia Andrianaivoarivelo, technicien membre de la coopérative Ombona Najoro Ifampitsinjovana (ONI Coop). Lovahasina Rasolondraibe, chef de service des produits de transformation au sein du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche donne un aperçu du marché. « Nous importons des produits laitiers liquides, du lait en poudre, du beurre et du fromage et autres dérivés », et de souligner que « le marché du lait est monopolisé par les produits importés ».
Outre la quantité, la compétitivité de la production locale fait souvent défaut par rapport aux produits importés en matière de qualité. Le constat est presque unanime sur la question. «Les clients s’intéressent plus aux produits importés grâce à la qualité de ceux-ci », précise Lovahasina Rasolondraibe. « Des unités de transformation informelles sont entrées sur le marché du fromage, alors qu’elles ne suivent pas les normes requises », déplore, Heriniaina Felix Ramarolahy, responsable technique du développement de filière au sein de Malagasy Dairy Board (MDB), le groupement d’intérêt économique à but non-lucratif de la filière lait.
La possibilité de dépasser les obstacles ne reste pourtant pas dans le domaine de l’impossible. «Grâce à la qualité de notre produit, nous avons pu retrouver facilement notre clientèle », témoigne Tsiky Mahazomanana, agent commercial de Tiko, qui se lance dans la reconquête du marché après une phase d’arrêt, pour le compte de ce groupe connu dans l’agroalimentaire. Mais le potentiel est là. Un travail de fond pour appuyer les professionnels du secteur devrait permettre de dynamiser une fois pour toutes la filière. Fanomezantsoa Lucien Ranarivelo a partagé quelques solutions pour remédier à la situation actuelle. Il évoque, entre autres, la production à grande échelle, grâce à la mise en place de laiteries et de grandes fermes d’élevage laitier, ou l’augmentation de la productivité du lait par l’insémination artificielle. Le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche parle également de l’importation de femelles à haut potentiel génétique, comme l’avait fait le gouvernement dans les années 2000, tout comme de l’intensification de l’alimentation, ce par la mise en place de cultures fourragères spécifiques, et de l’installation de services de proximité en matière de santé animale, tout en affirmant qu’«il est important de transformer notre système d’élevage ».
Pour accélérer la refonte de ce secteur prometteur, d’autres initiatives existent. C’est le cas des coopératives qui accompagnent et forment les éleveurs, les producteurs, pour ne citer que le cas d’ONI Coop, qui donne des appuis techniques afin d’atteindre de meilleurs rendements. D’autres solutions sont également proposées par le secteur privé pour améliorer la qualité de la production laitière. La société Agrival suggère, par exemple, des semences et des intrants « ray grass ». Le taux de germination de ce type de culture fourragère peut atteindre jusqu’à 80-90% . « Il y a aussi des provendes pour les vaches laitières, qui servent d’accompagnement si l’herbe est de bonne qualité », explique Jean Yves William Fanomezantsoa, responsable technico-commercial de la société. Avec ces deux produits, il garantit un meilleur rendement. « Notre produit est totalement naturel et il n’y aura aucun méfait sur la production » poursuit-il, assurant au passage l’existence d’un appui et de suivi technique fournis par plusieurs techniciens spécialisés.