Madagascar essuie des millions de dollars de perte par an liées à la piraterie maritime. Raison qui a poussé le gouvernement malgache à unir ses forces avec les États de l’Afrique orientale, australe et de l’océan Indien (Afoa-OI) pour assurer la sécurité de ses zones côtières.
Madagascar compte environ 1000 km de côtes maritimes et un potentiel inouï en économie bleue. Le pays perd pourtant plus de 750 millions de dollars par an en raison des crimes maritimes, comme le trafic de bois de rose ou la pêche clandestine. Les différentes actions menées par l’État pour promouvoir l’économie bleue se retrouvent ainsi pénalisées par les difficultés à sécuriser sa zone maritime.
« Il est clair que nous ne pouvons assumer cette responsabilité tout seul », a affirmé le Premier Ministre Christian Ntsay durant la cérémonie d’ouverture de la 3ème réunion du Comité de pilotage (COPIL), dans le cadre de la mise en œuvre des deux accords du programme régional de sécurité maritime (MASE), qui s’est tenue lundi 20 mai à l’hôtel Le Louvre. Selon lui, les pays de la région Afoa-OI subissent les mêmes menaces que Madagascar, d’où l’importance de se donner la main.
Madagascar fait partie des sept pays signataires des deux accords du MASE, un système collaboratif des États de l’Afoa-OI visant à éradiquer la criminalité maritime. Signés en avril, ces deux accords ont pour objectifs principaux d’échanger des informations maritimes et coordonner les opérations en mer.
Concernant les échanges d’informations, la Grande île dispose déjà du Centre régional de fusion d’information maritime (CRFIM). « Grace à ce centre, il est possible d’assurer le suivi des activités maritimes en temps réel, notamment le mouvement des bateaux présents sur nos côtes », explique le Premier Ministre.
Enjeu national
Le Centre de coordination des opérations en mer (CRCO), basé aux Seychelles a également pour mission d’organiser des interventions conjointes et/ou coordonnées en mer, ainsi que de promouvoir la coopération avec d’autres agences opérant dans le domaine de la sécurité maritime. Ces deux institutions sont appelées à travailler avec les centres nationaux des pays signataires et participent à la mise en place d’un mécanisme de sécurité maritime pour la région d’Afrique orientale, australe et l’océan indien.
Selon Raj Mohabir, représentant du Secrétaire Général de la Commission de l’Océan Indien (COI), l’importance des trafics commerciaux dans la région de l’Afrique orientale, australe et de l’océan indien constitue une raison devant inciter chaque État à s’intéresser à la question de la sécurité maritime. Trente pour cent du commerce mondial et 50% des trafics de containers sont gérés par la région Afoa-OI, a-t-il rappelé. Il a également souligné que 50% du commerce d’hydrocarbure et 40% des gaz doivent passer par voie maritime.
Par ailleurs, un rapport effectué par le CRFIM montre que 750 événements maritimes ont été recensés en 2018 dans la région Afoa-OI, soit 17,5% de plus qu’en 2017. La piraterie maritime n’est pas éliminée, mais elle évolue juste au fil du temps. Un constat qui montre l’ampleur du travail à effectuer dans la sécurisation de cette région qui constitue une véritable richesse maritime : 14 000 km de côtes et des zones économiques exclusives estimées à 6 millions de km carré, générant 176 milliards de dollars de revenus par an selon le Stable Seas. Les pays membres du Afoa-OI estiment pourtant que ces chiffres ne représentent même pas tout le potentiel économique maritime de cette région.
Le programme MASE est financé à hauteur de 37,5 millions d’euros pour la période de 2013 à 2020. En 2021, celui-ci bénéficiera encore d’un soutient financier géré par la COI, mais également d’un soutien technique d’Interpol et l’Office des Nations Unis contre la Drogue et le Crime (ONUDC).