Cette semaine était la semaine de l’anniversaire du 6 novembre 1995, jour terrible de l’incendie du Rova.
Vingt-quatre seulement, et tant d’indifférence, déjà. Comme si Antananarivo, l’Imerina, voire Madagascar, n’avaient pas pleuré toute cette nuit et les jours d’après. Mais, voilà, vingt-quatre ans après, l’opinion publique tananarivienne était, au mieux, accaparée par la mort de Dadah du groupe Mahaleo et, au pire, par l’ouverture de la propagande des municipales.
Vingt-quatre ans plus tard, la connaissance de l’histoire du Rova est redevenue ce qu’elle était avant le 6 novembre 1995 : c’est-à-dire à peu près rien auprès du grand public. Même les autorités et les journalistes dits culturels continuent de parler du «Rova de Manjakamiadana» alors que Manjakamiadana n’est qu’un palais, certes emblématique, du grand ensemble qu’est le Rova.
Quand, en 1610, le roi Andrianjaka, de la «maison Andriana», déloge de la colline d’Analamanga les descendants d’Andriampirokana, de la «maison Antehiroka», il se choisit une éminence de terrain pour aménager le site du Rova. La case royale de Besakana en deviendra le principal symbole. À la mort d’Andrianjaka, on inaugure les enterrements royaux dans le site du Rova : le tombeau du fondateur devient la première et la plus au Sud des «Fitomiandalana», les sept-tombeaux-alignés. Il faudra, pour voir la colline d’Antananarivo couronnée par le Manjakamiadana de bois (1839, par le Français Jean Laborde), attendre la reine Ranavalona (1828-1861), qui ne se savait pas la première puisque ceux qui ont lui survécu n’ont de nouveau choisi le nom de Ranavalona qu’en 1868. C’est à l’initiative de Ranavalona II (1868-1882) qu’on doit la silhouette emblématique en pierre de Manjakamiadana (1872, par l’Écossais James Cameron).
Au-delà de son empreinte sur le paysage, imprimée sur tant et tant de photographies, cette silhouette icônique du palais Manjakamiadana renvoie à toute l’histoire royale d’Antananarivo. Malgré l’abolition de la royauté en 1897, en dépit du choix de la République en 1958, cette Haute-Ville, plus que partout ailleurs, est imprégnée de cette aura identitaire. Légitimité qui confère et légitimité qu’on en tire.