En 1977, Roman Polanski, alors âgé de 44 ans, est condamné à trois mois de prison pour abus sexuels sur une mineure de 13 ans. Bien sûr, dans les milieux de la mode et du cinéma, on se doute que certaines personnes consentent à la promotion-canapé et que livrer sa fille de treize ans à la merci d’un photographe (ou d’un réalisateur) est au mieux naïveté, au pire proxénétisme. L’adolescente et sa mère parlaient d’ailleurs de «passeport pour la célébrité», le talent de Roman Polanski étant déjà reconnu pour «Repulsion» (1965), «Rosemary’s Baby» (1968) ou «MacBeth» (1971).
Pour sa défense, les avocats de Polanski avaient invoqué des «circonstances provocatrices» et «une certaine permissivité de la mère», mais Roman Polanski avait reconnu les faits : relations sexuelles avec une mineure de trente ans sa cadette après lui avoir administré alcool et drogue. Qu’à partir de 1997, et à plusieurs reprises depuis, sa «victime» lui ait pardonné et demandé l’abandon des poursuites, n’annule pas la réalité de faits que la loi peut prescrire.
Quarante-trois ans après ces faits, la polémique devient scandale à propos des douze nominations aux César accordées au film de Roman Polanski, dont trois à titre personnel : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure adaptation. Les 4313 professionnels du cinéma français, qui ont plébiscité le film «J’accuse» de Roman Polanski, semblent oublier que onze autres femmes, âgées entre 18 ans et 9 ans au moment des faits, ont également porté plainte contre Roman Polanski.
Mauvais signal alors que pendant ce temps, aux États-Unis, Harvey Weinstein (68 ans), un collègue en cinéma et en abus sexuels de Roman Polanski, cherche la compassion en se rendant à chaque audience en canne et déambulateur. L’écrivain Gabriel Matzneff (83 ans), couronné d’un Prix Renaudot alors qu’il a toujours complaisamment raconté ses aventures pédophiles et le viol de jeunes garçons aux Philippines, avait récemment associé son sort à celui de Roman Polanski (87 ans). Le Ministère français de la Culture lui a enfin retiré l’aide publique que le Centre national du livre lui accorda depuis 2002 : 160.000 euros en récompense de ses aveux pédophiles.
Le film «J’accuse» a bénéficié d’un budget de 22 millions de dollars, preuve de la confiance inébranlable des producteurs dans les talents de réalisateur de Roman Polanski. Sauf que le génie cinématographique (Oscar, Palme d’Or et César pour «Le Pianiste» en 2003), ne serait qu’un vulgaire prédateur sexuel doublé d’un pédophile.
Peut-il y avoir prescription pour un viol ? Si le viol était considéré comme un crime intolérable, et si ce crime intolérable avait été puni de la peine de mort, Roman Polanski, survivant du ghetto de Cracovie liquidé par les Nazis en mars 1943, ne serait même pas là aujourd’hui à plaider que la justice américaine oublie cette abomination (Chronique VANF, «Roman parce que Polanski», L’Express de Madagascar 06 avril 2017). Ni à réaliser un film chaque fois génial.














