Les marchés étaient restés indifférents. Sans doute que, renseignés, ils étaient certains du renoncement américain à répliquer à l’attaque par l’Iran de deux bases américaines en Irak. Contrairement aux «Gardiens de la révolution» iraniens qui avaient revendiqués 80 morts, le Ministre des Affaires étrangères iranien fit passer un message d’apaisement : il fallait à l’Iran sauver la face avec une riposte proportionnée conformément à la Charte des Nations Unies. On dit même qu’avant le lancement des missiles balistiques, les militaires américains auraient été «amicalement» prévenus, sans doute pour éviter que ne soit franchie la ligne rouge tracée par Donald Trump : «Ne pas tuer des Américains». La déclaration de Trump qui, pour une fois, avait pris son temps, ne laissait pas présager le pire. Et c’est ce qui advint.
En attendant, c’est donc un autre rendez-vous médiatique qui avait surtout captivé l’attention : la conférence de presse promise par Carlos Ghosn.
En 1996, Louis Schweitzer, le PDG de Renault, débauche Carlos Ghosn de chez Michelin dans l’optique d’en faire son successeur. Il lui confie la tâche de redresser Nissan après la conclusion de l’alliance avec Renault, le 27 mars 1999.
D’origine libanaise, brésilien de naissance (9 mars 1954 à Porto Velho au Nord-Ouest du Brésil), de nationalité française, Carlos Ghosn devient le premier non-japonais à diriger un groupe nippon. Mais, Nissan est en situation de quasi-faillite avec 22 milliards de dollars de dettes. Pourtant, dès l’an 2000, l’entreprise renoue avec les bénéfices et un an plus tard, Carlos Ghosn en devient le PDG.
«Trop petit, trop seul, trop français» : tel était Renault en 1994. Louis Schweitzer l’associa à Nissan avant de lui faire prendre le contrôle de Dacia. Carlos Ghosn poursuivra l’extension à Mitsubishi, Lada et Datsun. Et en 2017, avec 10,6 millions de voitures, l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi fut le premier constructeur mondial de véhicules légers devant Volkswagen, Toyota et General Motors.
Dès 2003, Louis Schweitzer avait annoncé qu’il passera la main à Carlos Ghosn : mais, plutôt que de se chercher un successeur chez Nissan, ce dernier cumulera les deux directions et les deux rémunérations. Quand il avoue avoir fait l’erreur de rempiler à la tête de Nissan, à mi-2018, Carlos Ghosn n’avait toujours pas préparé sa propre succession. Entretemps, en 2009, Barack Obama avait proposé à Carlos Ghosn de redresser la General Motors : une pige à 54 millions de dollars. Cité en exemple de management («Comment Carlos Ghosn a sauvé Nissan», éditions Dunod, 2005, par David Magee), héros d’un Manga au Japon, star planétaire pour sa conférence au siège du Syndicat de la presse de Beyrouth, Carlos Ghosn est un «talent» reconnu : on peine à croire qu’il reste longtemps sans sollicitation. Après tant de sollicitudes.