Visages fermés. Ceux des candidats le sont à la sortie des salles lors du dernier jour de l’examen de baccalauréat, enseignement général, le 3 Octobre, du moins au centre d’Analamahitsy. L’ambiance bon enfant habituelle à la fin de l’exercice fait place à la stupéfaction.
Lantosoa, visage pâle, ne cachant pas son inquiétude, non pas sur sa performance, mais sur le sort de l’examen qui crée tant de polémiques. Ses états d’âmes résument ce que bon nombre de candidats vivent. « J’ai perdu toute ma concentration depuis hier [2 Octobre]. Toute la nuit, je n’ai pas fermé l’œil tout en pensant que cet examen pourrait être annulé », déplore-t-elle. Marquée par un profond désespoir, pour elle de continuer que : « Je ne sais plus ce qui va se passer. Je suis triste car, même si j’aurais mon bac, cela n’aura pas la même valeur », lâche-t-elle.
La scène n’est pas propre au centre d’Analamahitsy mais touche d’autres sites d’examen. À 21 heures , à Ambohimangakely, des élèves sont encore dans les salles d’examen en potassant leur sujet sur les sciences de la vie et de la terre. Dans un centre à Sabotsy Namehana, une épreuve s’est poursuivie jusqu’à 19 heures selon un témoin. Des anomalies avaient également été signalées en dehors de la capitale pour ne citer que Moramanga ou Antsirabe.
Un parent, accompagnant son fils, n’arrive pas à dissimuler sa colère « en voyant mon enfant triste, lui, qui n’a jamais eu aucune difficulté à passer les examens ». « Pourquoi détruisons-nous ainsi nos enfants, comme l’ont fait les générations auparavant ? », s’emporte-t-il. Le ressenti est partagé par d’autres parents, inquiets sur le sort de leurs progénitures.
De son côté, le Syndicat des enseignants-chercheurs, section Antananarivo, par le biais de son président, Sammy Grégoire Ravelonirina, s’invite également dans le dossier. Il demande ni plus ni moins l’annulation de l’examen, ainsi que l’organisation de nouvelles épreuves dans un délai de un mois. « Les élèves réussissant ce bac auront du mal à décrocher une bourse extérieure », prévient-il.
Blanche Nirina Richard, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, s’est refusée à s’exprimer sur ces couacs en marge de la célébration de la journée de réunification de l’Allemagne, le 3 Octobre. « Il y a un temps pour parler et d’autres non (…) On ne va pas mélanger une histoire de coopération avec le baccalauréat. Ici on célèbre un anniversaire et on ne parle pas de baccalauréat », lance-t-elle, insistant sur l’objet de la cérémonie à laquelle elle assistait. Le membre du gouvernement d’inviter la presse à « se rendre au ministère pour parler du baccalauréat ».
La veille, Blanche Nirina Richard avait publié un post-vidéo sur le site du ministère pour lancer un appel au calme, aux candidats et aux parents . « Il y a bien eu fuite de sujet, mais il faut rester calme », affirme-t-elle, tout en indiquant l’ouverture d’une enquête sur ladite fuite.