La souveraineté et la fierté nationale seront certainement les mots clés de ce mois de juin. Cependant à l’approche du 60ème anniversaire de l’indépendance en 2020, la situation socio-économique, les crises politiques successives du pays, nous ramènent de fait à retourner sur le paradoxe de Madagascar.
La première phrase de l’ouvrage « L’énigme et le paradoxe – Économie politique de Madagascar » est la suivante : « Avec un PIB par tête de moins de 400 dollars en 2016, et un taux de pauvreté monétaire abyssal (de plus de 90 % au seuil international), Madagascar est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres du monde. Pourtant, rien ne le prédestinait à un tel destin dramatique, bien au contraire. »
Oui, Madagascar n’était pas destiné à tomber aussi bas après l’indépendance, surtout que « Madagascar est le seul pays qui s’appauvrit depuis soixante ans sans avoir connu la guerre ». Dans une interview de François Roubaud pour le journal le Monde en novembre 2017, il déclare que « Parmi les pays en voie de développement, Madagascar a suivi une trajectoire singulière. Depuis près de soixante ans, l’île n’a cessé de s’appauvrir, et rien ne semble pouvoir inverser cette tendance. Le revenu par habitant est inférieur d’un tiers à ce qu’il était au moment de l’indépendance alors que, dans le même temps, il a été multiplié par trois dans les pays d’Afrique subsaharienne, dont les performances sont pourtant loin d’être mirobolantes. »
L’indépendance de Madagascar ne serait-elle donc que théorique ? Dépendance aux bailleurs de fonds pour la santé et l’éducation ou les infrastructures par exemple, dépendance à l’importation par l’absence d’un tissu industriel compétitif, dépendance aux alliances diplomatiques historiques, dépendance monétaire, etc. Cela semble faire malheureusement référence à la phrase du Général de Gaulle en 1958 : « Madagascar est pays d’avenir et le restera »… Indépendance d’avenir pour la Grand île…